Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Prier pour de pauvres pécheurs !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où, à défaut de courir au secours de fidèles
en mal d’espace de prière, on imagine qu’il serait bien, pour les
réconforter, de les inviter à venir se prosterner dans la nôtre.
Entendez par là cette future imposante réalisation, censée témoigner de
la grandeur d’âme d’un Président qui, pourtant, n’ira pas y solliciter
la clémence divine, faute de pouvoir le faire.
Les fidèles étrangers au secours desquels on se sera précipité
viendraient, alors, côtoyer, entre autres, une partie de notre jeunesse
qui, en panne de structuration, voire d’inspiration, se sera laissée
gagner par une soumission à une force protectrice sublimée. L’objectif
étant, toujours, de conclure un accord avec le Créateur ou de nouer
des rapports privilégiés avec Lui.
Ceux qui, dans quelques années, relateront les faits qui auront émaillé
leur passé ou celui des leurs livreront un contenu inspiré par une
évolution perturbée dont ils regarderont encore défiler les images à
jamais inscrites dans une part d’histoire faite de violence ici et,
parfois, de sérénité retrouvée ailleurs. Lorsque l’on parle à présent
de paix, on fait référence à celle physique. Parce que l’autre, la
mentale, si elle ne nous semble pas à jamais compromise ne laisse,
pour l’instant, pas beaucoup d’espoir quant à sa reconquête. Lorsque
chacun d’entre nous évoque, aujourd’hui, une certaine accalmie en
suggérant une espèce de retour à la raison, il réalise qu’il est
impossible de faire l’impasse sur ce que nous autres Algériens avons
cumulé comme deuils et renoncements. On ne vit pas ce que l’Algérie a
traversé du nord au sud et d’est en ouest sans en porter à jamais les
stigmates.
En parler réveille régulièrement en moi le souvenir d’une solidarité
humaine extérieure qui s’est refusée à nous à quelques exceptions
près, tandis qu’elle se développait et grandissait de façon fabuleuse
entre Algériens. Tout cela pour dire cette stupéfaction qu’inspire
l’image de musulmans dans la tourmente qui courent se planquer à la
mosquée au lieu de tendre la main à d’autres âmes en peine de gîte,
de couvert et de sécurité.
M. B.
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