
Corruptions : Le Président de la Cour des Comptes :
«Un déficit dans les ressources humaines»
Reçu mardi dernier par les membres de la commission
des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale, le
président de la Cour des comptes — qui occupe cette fonction depuis mars
1995, soit 22 longues années —, a fait état d’un «déficit dans les
ressources humaines» au niveau de l’institution dont il a la charge.
Le président de la Cour des comptes, Abdelkader Benmarouf, a affirmé que
l'année 2018 verra la mise en place d'une commission chargée de la mise
en œuvre par les entreprises des recommandations de la Cour des comptes,
saluant «la dynamique continue» que connaît cette instance en matière
d'amélioration de la mission de contrôle.
Dans le cadre du prochain programme annuel de la Cour des comptes, il
sera procédé à la mise en place d'une commission chargée du contrôle du
respect et de l'application de ses recommandations par les entreprises,
a précisé M. Benmarouf qui répondait aux préoccupations des membres de
la commission des finances et du budget lors d'une réunion présidée par
son président, Mahdjoub Beda, consacrée à l'examen du projet de la loi
de finances relatif au règlement du budget de l'année 2014.
Il a relevé «un grand changement» en ce qui concerne le respect des
recommandations de la Cour des comptes par les entreprises publiques,
ajoutant que le Premier ministre a instruit les membres de son
gouvernement de prendre en considération ces recommandations. «Cette
commission regroupe 150 magistrats en sus de 50 auditeurs, ce qui dénote
un déficit dans les ressources humaines», a-t-il précisé, en réponse aux
questions des membres de la commission sur les ressources matérielles et
humaines dont dispose la Cour des comptes pour assurer sa mission de
contrôle. Il ne s’est pas étalé sur les raisons de ce déficit, ni sur la
stratégie pour y remédier : restrictions budgétaires imposées à la Cour
des comptes ? Départs massifs à la retraite de magistrats ayant
capitalisé une expérience ? Conditions de travail difficiles ?
Atmosphère délétère au sein des organes de la Cour des comptes ? Absence
d’alternance au niveau des postes de responsabilité ? Déroulement de
carrières des magistrats sur la base du clientélisme et du favoritisme ?
L’administration des impôts dans le collimateur
Concernant le projet de la loi de finances relatif au règlement du
budget de l'année 2014 présenté par le président de la Cour des comptes,
le déficit budgétaire au sein de l’Etat a connu une augmentation de près
de 3 221 milliards de dinars en 2014, soit une augmentation de 16% par
rapport à 2013.
Ce déficit est dû aux faibles recettes du budget, estimées à près de 3
924 milliards de dinars, soit une hausse de près de 0,85% et à
l'augmentation des charges budgétaires estimées à 7 145 milliards de
dinars, soit une hausse de 7,46%.
45% des dépenses de gestion ont été consacrés à la couverture des
dépenses des fonctionnaires et 1/5 du budget de l'Etat est composé des
affectations sociales, a fait savoir le responsable. Le déficit global
du Trésor a atteint 1,334 milliard de dinars jusqu'au 31 décembre 2014,
soit 8% du PIB. Concernant les résultats d'analyse de l'exécution du
budget pour l'exercice 2014, la Cour des comptes a affirmé que «les
horizons d'atteinte des niveaux optimaux des recettes ordinaires n'ont
pas encore été atteints en raison des carences enregistrées par rapport
aux estimations (-294 milliards de dinars)», en sus d'une part
considérable de la fiscalité pétrolière, qui représente près de 61% des
recettes dont le surplus est versé dans le Fonds de régulation des
recettes. Les retards enregistrés dans l'amélioration de la structure
des recettes du budget, selon le rapport de la Cour, reflètent les
difficultés auxquelles fait face l'administration des impôts à
développer certains types d'impôt, notamment l'impôt sur les biens et la
lutte contre la fraude et l'évasion fiscales. Impuissance de
l’administration des impôts à exercer ses missions ? Absence de volonté
politique à faire respecter les lois relatives aux impôts ?
Modernisation en panne ? Manque de moyens et manque de compétences ? Un
peu de tout ça à la fois…
Djilali Hadjadj avec APS
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