Actualités : TERRORISME
D’où proviennent les armes retrouvées au sud ?
En l’espace de vingt-quatre heures, entre samedi et
dimanche derniers, et en plein Grand-Sud aux frontières respectivement
algéro-libyennes et celles séparant notre pays du Niger, les éléments de
l’ANP, en charge de la protection de la bande frontalière du tourmenté
Sud, ont récupéré une quantité d’armes qui pousse les interrogations,
nées l’année dernière, plus loin encore notamment sur la provenance de
ces armes.
Un arsenal du même genre que celui découvert lors de la multitude
d’opérations menées par l’armée lors de la prolifique année dernière,
notamment celle du mois de mars, au lendemain de l’attaque orchestrée
par des dizaines d’hommes de Daesh sur la localité de Ben Guerdane, au
sud-est de la Tunisie, pour tenter d’en faire une enclave sous son
autorité. Quelques jours après, les éléments de l’ANP avaient, alors,
réussi à déjouer une tentative d’incursion à une quinzaine de kilomètres
au nord-ouest de la ville d’El-Oued. Trois terroristes avaient été
neutralisés et surtout un arsenal impressionnant a été récupéré,
constitué, entre autres, de 6 systèmes de missiles anti-aériens Stinger,
une vingtaine de kalachnikovs, des lance-roquettes RPG-7, des fusils
mitrailleurs RPK, des fusils à lunettes, des pistolets automatiques, des
roquettes pour RPG-7, des grenades, et des ceintures explosives. Lors de
cette année très prolifique pour l’ANP, en tout, ce sont près de 700
kalachnikovs sur lesquelles l’armée avait mis la main.
Malheureusement, jamais un communiqué n’est venu éclairer la lanterne
des Algériens sur la provenance de cet arsenal, même si, dans l’esprit
de tout le monde, la situation confuse qui règne chez nos voisins
libyens est une des sources, ou la source principale, de la
prolifération des armes dans toute la région entourant notre pays. L’on
se rappelle qu’à la fin du mois de septembre dernier, un communiqué mis
en ligne sur le site du ministère de la Défense faisait état de
l’engagement d’un détachement de l’ANP relevant du secteur opérationnel
d’In Amenas dans une embuscade dans la région de Debdeb, près des
frontières avec la Libye, à des hommes armés qui se sont engouffrés sur
le territoire national à bord de trois véhicules tout-terrain. Cinq
individus s’étaient répartis sur les trois véhicules et étaient en
possession d’une kalachnikov, un fusil de chasse et deux paires de
jumelles. Quelques heures plus tôt, dans la même journée, un premier
communiqué du ministère de la Défense nationale faisait état de la
découverte, toujours à Debdeb, de trois kalachnikovs, un fusil à
lunettes, un fusil de chasse, un pistolet automatique, dix chargeurs et
près de 500 balles de différents calibres.
D’où provient tout cet armement ? Question lancinante que ne cessent de
se poser des experts et observateurs de la question sécuritaire dans la
région depuis la déflagration qui a déchiqueté la Libye et la précarité
de la situation qui en a résulté sur les autres fronts, notamment au
nord du Mali, et des incidences sur des pays limitrophes tel le nôtre
qui n’en a pas encore fini avec le terrorisme «résiduel» des années 90
et les tentatives d’incursion de Daesh pour prendre la suite d’Al-Qaïda
au Maghreb, en déconfiture. «Une quantité considérable d’armes a été
volée durant la révolution. Il y en a des légères, comme des
kalachnikovs, mais aussi des mitrailleuses lourdes, des lance-roquettes
et des missiles sol-air de type SAM. Des stocks de grenades et
d’explosifs, dont du Semtex, ont également disparu», confiait, il y a
quatre ans au quotidien français Libération, William Lawrence, directeur
de la région Afrique du Nord pour l’International Crisis Group, ONG
spécialisée dans la résolution des conflits. Les Français qui
s’interrogeaient lorsqu’ils se sont rendu compte, lors de l’intervention
au Mali, que les rebelles islamistes étaient «très bien armés». Tout le
monde se mit à comprendre alors que l’aventure française pour renverser
Kadhafi avait, entre autres conséquences, donné naissance à un immense
trafic d’armes.
Un trafic qui a vu le jour pratiquement avec le début des troubles en
Libye, en mars 2011, avec la disparition, au fil des mois, des arsenaux
éparpillés à travers le pays. Et comme le relevait le même journal
français, la France n’est pas exempte de l’accélération de la
prolifération d’armes sur le territoire libyen. Ceci, après les
livraisons assurées par l’armée française durant l’été 2011 à Nefoussa,
près de la frontière avec la Tunisie. «Quarante tonnes d’armement,
surtout des kalachnikovs, des lance-roquettes et des explosifs, ont été
parachutées par l’armée de l’air», relevait le journaliste de Libération
qui lui-même reprenait une explication de Jean-Christophe Notin, auteur
de la Vérité sur notre guerre en Libye. Et puis de ces armes que l’on
tente d’introduire en Algérie, surtout depuis l’année dernière, elles
pourraient trouver leur origine chez ces djihadistes en provenance des
pays où est menée la guerre contre l’Etat islamiste en Irak et en Syrie.
Des djihadistes fuyards et qui, comme le relevait le ministre de
l’Intérieur tunisien, il y a quelques semaines, auraient trouvé refuge
dans des pays du Sahel en attendant de tenter des incursions dans leurs
pays d’origine, les pays du Maghreb.
C’est dire l’immense défi auquel doivent faire face les éléments du
dispositif mis sur pied par le commandement de l’ANP aux frontières.
M. Azedine
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