Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Les bananes sont de retour. Enfin !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où quand les pouvoirs publics s’attribuent
le mérite de quelque chose, vous vous empressez d’aller vérifier, dans
la réalité, ce qu’il en est vraiment. Ces derniers prétendaient, il y a
quelques jours, avoir réussi à imposer que le prix de la banane soit
revu à la baisse par les importateurs et stabilisé par les revendeurs
sommés, à leur tour, de respecter le consommateur. Vous pensez alors
comprendre la démarche mais vous ne comprenez, en vérité, pas
grand-chose à ce qui se cache derrière ni au retour en force du fruit
exotique le plus prisé par les Algériens.
Pour limiter la casse et faire barrage à une crise qui s’annonce
douloureuse, même si Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, se voulant
rassurant, affirme que nous avons été épargnés par les effets violents
qu’elle promettait de nous infliger, il avait été question de
réglementer certaines importations comme celles des fruits que rien
n’interdit, par ailleurs, de produire localement.
Que s’est-il passé entre le moment où la mesure a été prise, le coup
d’arrêt brutal donné aux importations de bananes et de pommes, par
exemple, et leur réapparition tout aussi soudaine sur les étals ? Le
fait que l’Algérie ne se soit pas effondrée alors que ses recettes en
devises ont chuté de 70% en seulement deux ans et demi a-t-il pesé en
faveur des magnats de l’importation ? Par quel miracle sommes-nous
encore debout ? J’avoue dormir rassurée, depuis que Monsieur Sellal a
fermement promis que le pays n’aura pas recours à l’endettement. C’est
vrai ! Il a raison ! Elle est où la crise en Algérie ? Les gens foncent
sur les étals de bananes comme s’ils en découvraient brusquement les
vertus cachées.
Un ami a récemment avancé une explication à l’engouement en question.
Les spéculateurs font grimper les prix et rendent l’accès au fruit quasi
impossible. Au bout de quelques semaines, les bananes qui s’écoulaient à
près de 1000 DA sont cédées à 400 et tout le monde est heureux ! Les
spéculateurs qui ne perdent pas un sou dans l’affaire et les
consommateurs qui pensent avoir gagné au change ne regardent plus à la
dépense.
M. B.
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