Actualités : CAMPAGNE ÉLECTORALE
Le terrorisme absent des discours
Au troisième jour de campagne, les volets
sécuritaires demeurent totalement absents des discours.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - La composante politique qui prépare
le 4 mai demeure pourtant identique à celle qui se trouvait en place
durant la décennie noire, et qui a pris en charge la tâche de mobiliser
les Algériens contre les groupes de la mort qui compromettaient y
compris le devenir de la Nation.
Le terrorisme s’imposait alors comme sujet récurrent, présent dans tous
les discours politiques, point nodal des campagnes électorales qui se
sont succédé jusqu’aux dernières présidentielles. Il n’y a pas si
longtemps encore, ces mêmes acteurs politiques, qui ambitionnent de
glaner davantage de sièges au Parlement, n’omettaient presque jamais
d’évoquer ces temps durs vaincus par cette force que procure l’union des
citoyens. Il n’en est rien aujourd’hui.
L’ouverture de la campagne effectuée par les responsables des formations
politiques a donné un large aperçu du contenu des discours qui seront
entendus jusqu’à la fin de ce mois. Même les candidats du pouvoir,
nullement dupes en la matière, ont volontairement éludé toute référence
au problème du terrorisme. L’intérêt est ailleurs, focalisé
principalement sur les questions d’ordre économique et social.
Une préoccupation naturelle, presque évidente, compte tenu de la
conjoncture dans laquelle interviennent ces élections, mais aussi et
surtout de l’état d’esprit qui règne au sein de la société.
Une société désabusée, en rupture de confiance envers ses dirigeants
mais aussi une majorité de cette classe politique à laquelle elle refuse
encore de s’identifier pour des raisons que les Algériens traduisent
souvent par des termes crus et que les candidats tentent malgré tout de
persuader à participer au scrutin. A de rares exceptions, toutes les
stratégies de communication des candidats s’évertuent à briser cette
glace qui leur fait encourir de gros risques le jour J. Tout
naturellement, le discours s’y est adapté, ficelé pour cibler les
préoccupations immédiates liées à la détérioration du pouvoir d’achat.
Le fait s’applique naturellement aux partis traditionnels, structurés et
dotés d’un programme soumis à l’appréciation populaire.
Des critiques sévères se sont fait entendre, y compris entre candidats
rivaux, pour dénoncer l’absence de programme ou de vision globale
politique qui génère un discours où les Algériens se trouvent uniquement
appelés à aller voter.
Mais tout ceci explique-t-il pour autant la mise à l’écart d’un des
principaux sujets qui préoccupe actuellement le monde ? Le fait d’être,
certes, sortie de la zone rouge met-il pour autant l’Algérie à l’abri
d’un phénomène qui a des capacités de se régénérer de manière fulgurante
? Al-Qaïda et Daesh sont autant d’exemples le prouvant. Chez nous, la
préoccupation est réelle, inéluctablement liée au contexte régional où
prédominent ces groupes terroristes qui ont brisé la Libye et
déstabilisent les pays subsahariens frontaliers. Smaïl Chergui,
commissaire à la paix auprès de l’Union africaine, avait lui-même
récemment annoncé l’arrivée en Afrique de plus de 2 000 anciennes
recrues de Daesh ayant fui la guerre qui se mène contre l’organisation
en Syrie et en Irak.
Au Sahel, avait-il ajouté, des informations indiquent que ces individus
sont déjà arrivés. Ces bouleversements se sont d’ailleurs fait ressentir
à l’intérieur même de notre pays où des attentats ont été revendiqués
par Daesh. A ce jour, des communiqués émanant du ministère de la Défense
révèlent une activité terroriste qui mobilise à plein temps l’essentiel
des effectifs militaires disposés aux frontières, nécessitant un budget
sur lequel on ne badine pas.
A. C.
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