Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Nos jeunes et la poudre d’escampette !
Par Malika Boussouf
[email protected]
Il est des jours comme ça où il devient impossible de nier que
l’Algérie a des élites qui ne croient plus en elle. Sinon comment
expliquer l’hémorragie dans les milieux estudiantins et cet engouement
de nos enfants pour l’ailleurs ! On parle beaucoup des jeunes harraga et
de ceux qui paient au prix fort l’octroi d’un visa pour rompre avec
l’oisiveté et fuir ce pays qui ne laisse entrevoir aucun avenir,
disent-ils, à qui n’a pas les reins solides, entendez par là de
sérieuses recommandations.
On évoque aussi régulièrement ceux de nos diplômés, et pas des moindres,
qui fantasment sur un extérieur plus clément, et, quand ça marche pour
eux, on en conclut qu’ils n’ont pas eu tort de tenter l’aventure.
Pourquoi le rêve a-t-il des chances de se concrétiser sous d’autres
emblèmes et pas chez nous ? Pourquoi nos responsables préfèrent-ils
débattre du sexe des anges plutôt que de s’inquiéter du fait que des
prédateurs dépouillent le pays de sa raison d’être ? Aujourd’hui, des
étudiants n’attendent même plus la fin de leur cursus universitaire pour
postuler auprès d’écoles étrangères. Et quand ils décrochent le sésame,
la majorité d’entre eux réussit brillamment. Si durant leurs années
d’études, ils n’ont qu’un avant-goût de cette autre vie à laquelle ils
ont aspiré, la suite n’en garantit pas plus mais ne leur claque pas la
porte au nez. Les jeunes du monde entier n’hésitent plus à s’expatrier à
la recherche, sinon du graal, du moins du moyen qui répondra le mieux
aux ambitions qu’ils développent avec ténacité. Pourquoi s’étonner que
d’autres jeunes, moins vernis aux plans socio-économique et culturel,
aient davantage envie de tenter le coup ? Depuis que plus personne
n’ignore le désintérêt des hauts responsables du pays à l’égard de ceux
qui auront un jour la lourde charge de redresser la barre et de corriger
les erreurs accumulées, rien ne paraît moins désespérant que
l’insistance affichée par nos jeunes à vouloir être les élites de
demain. En attendant, je n’en connais pas un de parent qui hésite ou
rechigne à voir son enfant opter pour la démarche qui répondra peut-être
le mieux à des rêves en suspens.
M. B.
|