Actualités : Il exprime une forte insatisfaction par rapport à
l’offre politique
Le nombre des bulletins nuls bat tous les records
C’est un signal fort qu’ont émis les Algériens au
bout de ces élections législatives : l’offre politique existante sur le
marché ne leur convient pas.
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Dans sa conférence de presse tenue
hier pour annoncer les résultats du scrutin, le ministre de l’Intérieur
et des Collectivités locales Noureddine Bedoui n’a pas annoncé, comme à
l’accoutumée, le nombre des suffrages exprimés. Et, il a esquivé la
question à deux reprises dans sa conférence de presse, se contentant de
l’annonce du taux de participation et de la répartition des sièges
obtenus par les formations politiques ayant participé à cette joute
électorale. Il a renvoyé les journalistes au site de son département qui
n’a désespérément pas été mis à jour depuis jeudi à 14h, pour avoir les
résultats détaillés.
En effet, à peine 38,25% des 23,2 millions d’inscrits ont voté jeudi,
soit 8,5 millions de votants, en recul par rapport à 2012 où la
participation a dépassé légèrement 43%. C’était 9,3 votants sur 21,6
inscrits. Une participation qui a donné lieu à 1,7 million de bulletins
nuls (18,2% des votes). Les bulletins nuls étaient plus importants que
les suffrages recueillis par les listes du Front de libération nationale
(FLN), parti majoritaire dont les 1,3 million de voix exprimées lui
avaient valu 221 sièges. Or, cette fois-ci, avec moins de votants qu’en
2012, le taux des bulletins nuls a battu tous les records et si le
ministre a refusé de le communiquer, balançant la patate chaude au
Conseil constitutionnel, c’est sans doute parce que le nombre est plus
élevé et il y a quelque chose de dérangeant ou plutôt choquant dans sa
révélation. Dans les circonscriptions électorales où nous avons pu avoir
les indicateurs de participation, le nombre des bulletins nuls est
effrayant : un peu plus de 45 000 sur 150 612 votes à Constantine où il
y a 576 173 inscrits, soit 30% (18 000 sur 40 000 votes pour la seule
commune du chef-lieu, soit 45%), un peu plus de 24 000 sur les 123 940
votes à Oum El Bouaghi où il y a 418 794 inscrits, 24%, près de 38 000
sur 134 291 à Boumerdès où il y a 485 387 inscrits, un peu plus de 30
000 sur 143 910 votes à Mila où il y a 495 268 inscrits, soit 21%, 19
400 sur 70 484 votes à Naâma où il y a 149 175 inscrits, soit 27,5%.
Ce faisant, même en misant sur de nouvelles têtes à défaut de convaincre
par leurs programmes, les partis politiques n’ont pas pu recueillir des
votes, y compris ceux des votants. Si le nombre des abstentionnistes
augmente d’une joute électorale à l’autre, celui des bulletins nuls
explose. Et, c’est un signal fort qu’ont émis les électeurs au bout de
cette élection : l’offre politique existante ne leur convient pas. Parce
que contrairement aux abstentionnistes qui boycottent à cause du manque
de confiance dans l’administration qui organise les élections et
estiment qu’ils peuvent changer les choses en dehors des institutions ou
se désintéressent complètement de la politique, ceux qui votent blanc ou
nul expriment un intérêt incontestable pour la chose publique.
Mais leur geste révèle plutôt une insatisfaction par rapport aux
programmes des partis et leurs candidats. Une offre politique assez
large mais qui, en dépit de sa diversité, ne répond pas à leurs
aspirations.
L. H.
|