Actualités : ORAN
Entre les chiffres officiels et la réalité du terrain
A l’annonce ce jeudi vers 10h d’un taux de
participation de l’ordre de 4,57% tout semblait ordinaire sachant que
durant les législatives de mai 2012, à cette même heure il était de
seulement 3,01%. Sauf que cette année, il y a eu une différence de
taille, le taux a tardé à remonter ce qui a retardé l’annonce d’un
quelconque autre chiffre jusqu’à 13h où l’on indique que la
participation est passé à 16,44%.
Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Une tournée s’impose pour
comprendre la réalité du terrain qui est souvent différente de celle des
chiffres annoncés ici et là.
Comme de coutume le centre-ville d’Oran ne peut à lui seul constituer
une référence en matière de taux de participation puisque les électeurs
prennent leur temps avant de se décider à se rendre ou ne pas voter,
pour qu’au final le taux s’avère faible. L’affluence était plus que
timide depuis l’ouverture des bureaux jusque vers 11h. C’est alors que
nous nous sommes dirigés vers les autres quartiers de la wilaya à
l’instar d’El Hassi. Sur place, en interrogeant les riverains sur
l’endroit exact des bureaux de vote, nous avons reçu quasiment les mêmes
réactions «je ne sais pas, je ne vote pas».
Une fois arrivés au niveau d’un centre de vote, à midi passé
observateurs et encadreurs tournaient en rond, car nous dit-on, il n’y a
pas d’électeurs. Nous entrons dans une classe, nous demandons le nombre
d’inscrit, il est de 365 et combien de votants ? «Regardez, l’urne est
transparente il y a deux enveloppes». Effectivement, seule deux
enveloppes étaient au fond de cette urne, le même constat, nous l’avons
fait dans cette localité, une participation quasi absente. A la sortie,
nous avons engagé la conversation avec des jeunes devant un café. Pour
eux, il n y a aucun candidat digne de confiance. «On ne votera pas, ils
ne s’enrichiront plus sur notre dos».
Nous quittons El Hassi pour nous rendre dans la commune de Boutlélis,
puis celle de Messerghin et d’Aïn El Kerma. Là encore, on ne décèle
aucun enthousiasme parmi les électeurs, que d’ailleurs on a eu du mal à
rencontrer, les bureaux de vote étant presque vides. Dans ces communes à
10h, le taux de participation était de 4% et 9% pour Aïn El Kerma et
grimpera respectivement à 13h à 19%, 20% et 28%.
Il était 15h30 lorsque nous nous trouvions dans un bureau de vote
réservé aux femmes au niveau de la commune de Messerghin et sur 400
électrices inscrites seules 100 avaient voté. Un très faible taux
comparé à 2012 nous dira une habituée des élections qui encadre
l’opération du vote dans ce bureau.
Cette année encore l’absence des observateurs issus des différentes
formations politiques était nettement plus importante que l’échéance
passée. Souvent on n’en rencontrait qu’un ou deux. Les représentants des
partis se contentaient eux de rester assis à l’extérieur du bureau de
vote à observer le va et vient, oubliant parfois même la raison de leur
présence.
De retour à Oran, il est 18h et on annonce un taux de participation de
la wilaya d’Oran qui est passé de 4,57 à 35,74, avec l’information que
le vote va se prolonger une heure de plus. Depuis le taux annoncé à 18h
aucun autre chiffre n’est communiqué. Ce n’est qu’aux environs de 22h
que l’on avance le chiffre de 45,64% dernier taux enregistré pour Oran.
Pour rappel, Oran compte près d’un million 18 865 électeurs inscrits et
répartis sur 285 centres de votes et 2 261 bureaux de vote encadré par
10 469 agents administratifs. Vingt partis politiques ont pris part à
cette échéance électorale.
À 21h, nous nous rendons au centre de dépouillement de l’EMEC à la ville
nouvelle, où les chefs de centres viennent déposer leurs P-V. Là encore,
les méthodes ne changent pas au fil des ans. Chacun arrive tenant un tas
de documents, faisant des comptes à la hâte, certains à même le sol,
pour aller les remettre et s’en aller bien évidement pas avant d’avoir
pris sa boite contenant le dîner, siroter un café et reprendre le chemin
du retour.
La presse quant à elle a été mise à l’écart, de toute façon, avec de
telles méthodes de travail approximatives à l’ère du numérique, on ne
pouvait que circuler, il n’y avait rien à voir, ni d’information utile à
obtenir. Il était 23 heures et les chefs de centres continuaient à
affluer.
A. B.
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