Soirmagazine : Voyage culinaire
El jari be roz, la recette indétrônable
Par H. Belkadi
Dans notre voyage culinaire de cette semaine, nous allons découvrir
une recette très simple qui nous vient de l’Est algérien, plus
exactement de Constantine, cette cité millénaire qui a bercé plusieurs
civilisations.
Arrivée dans cette grande ville avec un trafic routier des plus denses,
je fus impressionnée par le nombre important de voyageurs qui allaient
et venaient dans tous les sens, descendant d’un train ou grimpant dans
un bus. Pour ma part, je me dirigeais vers la station de taxis et
m’enfonçais confortablement dans une belle Mercedes des années
quatre-vingt. Il était dix-huit heures et le soleil tapait très fort.
J’indiquais l’adresse de ma destination au chauffeur qui essaya tant
bien que mal de se faufiler entre les ruelles encombrées pour se frayer
un chemin et, après une trentaine de minutes, on arriva dans le vieux
quartier de Souika où mon jeune cousin m’attendait. Marchant d’un pas
alerte, je le suivais entre les dédales des maisonnettes collées les
unes aux autres, formant ainsi un bloc de pierres fortement soudé. Mon
cousin se retournait de temps à autre pour vérifier que je le suivais
bien et reprenait la cadence, sûrement pour arriver avant l’adhan qui ne
devait pas tarder à se faire entendre.
Une fois dans la maison familiale, une foule de souvenirs défila dans ma
mémoire et je me revoyais dans cette petite maison en pierres bleues
avec mes cousins et cousines, jouant et courant dans la cour en chantant
à tue-tête des refrains populaires en attendant la rupture du jeûne.
Sitôt après, on se ruait dans la maison en criant de joie en pensant aux
mets délicieux qu’on allait déguster. Et parmi les innombrables plats
cuisinés par ma grand-mère, celui du jari be roz était mon préféré.
Cette soupe, très simple et onctueuse, est agrémentée d’une poignée de
riz qui lui donne un aspect velouté.
On en mangeait à chaque f’tour et c’était toujours avec la même envie,
sans jamais s’en lasser.
La recette
Ingrédients :
300 g de viande de mouton, 1 gros oignon sec, un bouquet de cèleri et
coriandre, une bonne poignée de pois chiches trempés la veille, 1 à 2
tomates fraîches bien mûres, 1 c. à s. de concentré de tomates, 1 c. à
s. de smen, 1 c. à s. d’huile végétale, 1 piment vert, 1 c. à c. de
menthe séchée, 4 c. à s. de riz lavé et trempé, 1 c. à c. de felfel
driss (piment rouge), sel/poivre..
Préparation :
Dans une marmite à fond épais, mettre la viande coupée en petits
morceaux égaux avec le smen et l’huile, ajouter l'oignon émincé ainsi
que le bouquet de céleri et de coriandre hachés finement et faire
revenir le tout pendant quelques minutes jusqu’à ce que l’oignon fonde
totalement.
Ajouter alors les pois chiches et les épices, sauf le sel, mouiller avec
environ deux litres d’eau tiède, porter à ébullition puis baisser le feu
et laisser cuire viande et pois chiches à couvert pendant une trentaine
de minutes. Lorsque la viande et les pois chiches sont cuits, ajouter
les tomates pelées et réduites en purée, le concentré de tomates, ainsi
que le riz dans son eau.
Laisser cuire le riz en soulevant à demi le couvercle de la marmite pour
y plonger le piment vert en fin de cuisson, afin qu’il libère son arôme.
Au moment de servir, parsemer de menthe séchée et de quelques feuilles
de coriandre ciselée. Décorer avec des quartiers de citron et
accompagner de khobz eddar.
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