Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Terroriste ou victime ?
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où lorsque l’on entend dire qu’en France,
un doctorant algérien de 40 ans s’en est pris à un policier et a foncé
sur lui en hurlant «c’est pour la Syrie» et qu’il est un «soldat du
califat», on se demande à quoi peut correspondre cette folie meurtrière
qui, un matin, s’est emparée d’un homme que des personnes qui l’ont
fréquenté de près vous décrivent, de façon stupéfiante et convaincues de
faire œuvre utile, comme un être pacifique, d’une extrême ouverture et
d’une grande douceur. On se surprend, du même coup, à douter que
l’universitaire, dont les témoins parlent, ait pu réellement sonner la
charge contre un agent des forces de l’ordre du pays dans lequel il a
choisi d’aller, sinon végéter, du moins réussir à soutenir sa thèse.
Quand on vous affirme que les services de renseignements ne se méfiaient
pas du danger que l’individu représentait et que la famille ne se
doutait pas de ce qui se tramait dans la tête du futur soldat, vous
comprenez, sans cautionner la paranoïa ambiante, que la crainte de voir
se multiplier des actions identiques puisse perturber le quotidien de
personnes qui sinon n’auraient aucune raison de s’en prendre à la
présence, dans leur pays, d’étudiants et autres profils étrangers. Voilà
comment d’indésirables migrants qui espèrent que parmi les portes qui se
ferment, il y en aura toujours une qui restera entrebâillée, voient leur
futur davantage compromis par un ennemi qu’ils trouvent là où ils ont
cru pouvoir bénéficier de protection. Il y a, certes, une différence
entre choisir d’aller s’implanter quelque part et s’arracher, la mort
dans l’âme, à une terre qui vous a vu naître.
Dans l’affaire du parvis de Notre-Dame de Paris, l’homme, que ses
connaissances voudraient transformer en victime, n’a été contraint ni de
quitter son pays ni de prêter allégeance à la monstrueuse organisation
dont il s’est réclamé. Le dépit, l’amertume et les difficultés de la vie
peuvent-ils à eux seuls transformer un homme et en faire un exécutant de
Daesh ? Si tel était le cas, rien n’empêcherait les millions de laissés-
pour-compte de verser dans un règlement de compte généralisé.
M. B.
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