Actualités : Location de chaises et de tables et différents
achats…
Ces chères vacances à Alger
La chaleur qui terrasse Alger depuis le mois de juin,
allant de 30 à plus de 40°C, attire une dense foule sur les plages
algéroises. Des familles, des bandes d’amis ou simplement des solitaires
viennent s’y rafraîchir, jetant leurs corps dans l’eau de la Grande
Bleue, pour le mettre à l’abri de la canicule.
Mounira Amine-Seka - Alger (Le Soir) - Plages et piscines
accueillent des foules incalculables tous les jours, depuis les
premières vagues de chaleur, y compris lors du mois sacré. Si les
différents maires des communes d’Alger parlent d’accès gratuit aux
plages, de jeunes hommes imposent la location de tables, chaises à 500
DA et les parasols à pas moins de 200 DA la journée.
Pour les couples ayant quatre enfants et plus, «la journée revient
quasiment à deux mille dinars. Entre les chaises, la table, les glaces,
en rentrant, l’eau, etc.», confie une mère de famille, ajoutant que «les
enfants ne comprennent pas qu’on ne puisse pas s’y rendre tous les
jours. Il faudrait 10 000 DA pour une semaine sans week-end». Un jeune
père avec son petit d’à peine six ans, se plaint de l’anarchie qui règne
sur les parkings. «Hier, j’ai été obligé d’attendre pendant plus d’une
heure dans ma voiture, parce que quelqu’un s’est garé juste derrière ma
voiture, alors qu’il n’était même pas à la plage. Il est bien beau de
céder les parkings gratuitement, mais faudrait-il encore veiller au
respect de l’ordre. Heureusement que je n’avais pas d’urgence.».
Sur la rampe de Saint-Eugène, une dame qui marchait lentement sous un
large chapeau, se rappelle qu’«avant, nous descendions à plusieurs
familles, avec des couffins pleins de mets et de bouteilles de
citronnades, des boomerangs, le Scrabble et un ballon pour y passer de
longues journées. Certains portaient des parasols, d’autres des chaises
et des tables pliables. Une fois installés, chacun s’adonnait à son
hobby : les uns faisaient la chasse aux oursins, d’autres jouaient, se
baignaient et/ou bronzaient et pour les partisans du moindre effort,
l’ombre du parasol leur servait d’abri pour plonger dans un bouquin.
Nous n’avions aucun problème de sécurité, personne ne nous dérangeait ne
serait-ce d’un regard. En fin de journée, nous ramassions nos déchets et
rentrions à la maison, un peu plus haut sur la colline». Une époque bien
loin de toutes ces mentalités nouvelles où les femmes se sentent
obligées de se baigner en robes, en shorts et pulls ou pire, en hijab,
pour mettre leurs corps à l’abri des regards pervers.
En début de soirée, «les plagistes sont remplacés par les déchets :
bouteilles, sachets, canettes, et quelques fois même des bouts de
sandwichs, alors qu’il y a des poubelles», déplore un jeune homme,
ajoutant que «quelquefois, nous aimions rester à des heures tardives
pour jouer de la guitare ou simplement pour discuter et profiter du
calme, mais les lieux sont sales et c’est vraiment désagréable.». Selon
le rapport de la Direction générale de la Sûreté nationale, 2166
infractions liées à l'environnement ont été relevées, pour le seul mois
de mai dernier.
A la plage El-Djamila, La Madrague, des familles s’y rendent avec des
couffins comprenant le repas de midi, des fruits et des bouteilles de
différentes boissons. Le bord de mer n’étant pas profond, on y trouve
même des bébés barbotant sur le rivage, avec les mamans aux regards
bienveillants assises, échangeant des astuces et autres sujets de la
vie. «J’aime bien venir ici, l’endroit est calme et nous sommes en
sécurité, au vu des nombreuses rondes qu’effectuent les policiers. Nos
enfants sont juste sous nos yeux et personne ne vient nous déranger»,
déclare une mère de famille.
Une autre confie que lors des derniers jours du Ramadhan, «un homme
était venu installer des jeux aquatiques un peu au large de la plage,
pour les louer aux enfants : plateforme flottante, trampolines
aquatiques et autres. Il s’est accaparé de quasiment la moitié de la
plage, mettant des barrières etc. Les femmes se sont toutes levées pour
l’en chasser et heureusement, nous avions réussi. On ne trouve presque
plus d’endroits où aller, sans que quelqu’un vienne gratter nos
porte-monnaies. De plus, le malheureux n’avait même pas d’autorisation
pour ça!», dénonce-t-elle. Quant aux enfants, leurs yeux ne brillent
qu’en face de l’étendue d’eau, les vitrines de glaces et les odeurs de
pizzas s’échappant des différents fast-food, ne se souciant de rien.
Pour les portefeuilles plus garnis, les piscines ouvrent leurs portes
pour un accès à 1 500 DA pour les adultes et 800 à 1 000 DA pour les
enfants. «Seulement, les consommations ne sont pas offertes et le simple
café est cédé à 100 DA, déclare un père de famille ; il est vrai que ce
n’est pas donné, mais tout est sur place, surtout que nos enfants sont
sous l’œil vigilant des maîtres-nageurs. Je peux me permettre une petite
sieste d’un quart d’heure». Douches, toilettes, fast-food, pizzerias,
cafétérias, en plus des animations. Tout y est pour passer une bonne
journée qui coûtera à une famille de quatre personnes dans les 10 000
DA.
M. A.-S.
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