Actualités : Presque aucune dissemblance entre le plan d’action de Tebboune et celui de son prédécesseur
Le changement dans la continuité


La seule chose qui différencie le plan d’action du nouveau gouvernement de celui conduit par Abdelmalek Sellal reste son engagement à revoir la politique de redistribution de la rente pétrolière et la perspective d’aller vers des subventions ciblées. Mais, ce n’est même pas du concret, c’est encore au stade de la réflexion…
Lyas Hallas - Alger (Le Soir)
- Le plan d’action du nouveau gouvernement conduit par Abdelmadjid Tebboune adopté la semaine dernière par le Parlement n’apporte pas de changements majeurs dans la gestion des affaires publiques sinon des engagements à lancer une réflexion sur la réforme de la politique de solidarité nationale et le ciblage des subventions. Puisque même dans ce domaine, le gouvernement Tebboune a maintenu les transferts sociaux. «Cela date de quatre décennie et leur réforme nécessite un nouveau consensus national», a déclaré Abdelmadjid Tebboune. La question donc est de savoir si son gouvernement est en mesure de conduire le dialogue national pour aboutir à ce consensus. Certes, les conditions s’y prêtent avec la crise économique qui frappe le pays à cause de la baisse des prix du pétrole. L’Etat a moins de moyens qu’il y a dix ans pour pouvoir continuer à subventionner tous azimuts des produits et des services publics au risque d’aggraver le déficit budgétaire qui était déjà de 13,5% du PIB en 2016. Et, les Algériens seront plus réceptifs à une rationalisation des dépenses publiques. Mais, le gouvernement jouit-il de la légitimité nécessaire pour imposer un tel choix ? Aura-t-il le courage politique pour réformer le fonctionnement de l’Etat ?
Installé fin mai dernier, près d’un moins après les toutes dernières législatives organisées, le gouvernement Tebboune est paradoxalement composé essentiellement de technocrates. Des cadres sans couleurs politiques qui n’ont, pour la plupart, jamais sollicité un mandat électif ni mené des tractations politiques. Et, si ce gouvernement a eu la caution de l’Assemblée populaire nationale (APN), Chambre basse du Parlement, c’est parce que la majorité est acquise au «programme du Président», le même qu’exécutait le gouvernement de Abdelmalek Sellal, et qui prônait un «nouveau modèle économique» favorisant la diversification de l’économie, la rationalisation des dépenses publiques ainsi que la réforme fiscale. En somme, un programme aux contours flous que le plan d’action du nouveau gouvernement ne clarifie pas. Il faut souligner ici, que la majorité parlementaire pâtit d’un déficit de légitimité dans la mesure où elle émane d’une élection boycottée par les trois quarts des Algériens. Or, dans un pays nerveux qui voit des émeutes éclater à la moindre mesure détestable – aussi sensée soit-elle –, aboutir à un consensus pour revoir la redistribution de la rente et bousculer des habitudes vieilles de 50 ans, n’est pas une chose facile.
En ce sens, le gouvernement actuel n’a rien annoncé de révolutionnaire. Il semble préférer le confort de l’expédition des affaires courantes. En attendant que la commission associant le Conseil national économique et social (Cnes) aux ministères de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale annoncée par le Premier ministre termine son travail. C’est-t-à-dire, faire des propositions en matière de ciblage des subventions. Déjà que l’opposition conteste la démarche qui serait inopérante selon le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, par exemple, laquelle plaide pour le maintien du système des transferts sociaux en l’état. Et même si cette opposition est minoritaire au Parlement, il faudra se plier en quatre pour aboutir au «consensus nécessaire à la réforme».
L. H.



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