Actualités : Trafic de drogue
L’ANP multiplie les saisies
L’Algérie fait actuellement face à l’une des plus
grosses épreuves de son histoire : faire barrage aux quantités de
drogues qui se déversent sur son territoire. Le bilan des saisies
opérées ces six derniers mois par l’ANP démontre l’ampleur du phénomène
qui menace le pays : plus de 288 000 quintaux de kif traité, 3,5 kg de
cocaïne et 266 000 comprimés psychotropes récupérés depuis le mois de
janvier passé…
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les chiffres ainsi présentés font
lâcher ce commentaire à un spécialiste de la lutte contre les réseaux de
drogue : «C’est une guerre qui se déroule.» Une guerre rude, souvent
menée loin des regards indiscrets, là où les soldats mobilisés dans les
immensités désertiques tentent, jour et nuit, de contrecarrer les plans
des bandes spécialisées dans le trafic des stupéfiants.
«La marchandise peut entrer de partout, et à tous moments surtout. Pour
tenter de faire face à cette situation, des embuscades parfois même des
ratissages se déroulent souvent dans les zones susceptibles de
constituer des couloirs, des passages pour les contrebandiers.»
Les informations contenues dans les fréquents communiqués diffusés par
le ministère de la Défense laissent entrevoir que les zones concernées
s’étendent principalement le long des frontières sud et sud-ouest du
pays. «L’est est également concerné, mais à un degré moindre», affirment
des spécialistes. Passées maîtresses en matière de subterfuges et de
«maquillage» des produits qu'elles tentent d'introduire, des bandes
organisées n'ont de cesse d'affiner leurs méthodes.
Les drogues peuvent être ainsi dissimulées aussi bien dans des citernes
transportées à bord de camions, planquées sous des véhicules ou
subtilement éparpillées dans des lots de médicaments… Très souvent, les
«passeurs» ne sont autres que des contrebandiers. «Tout autour des
frontières, ce genre d’individus pullulent. Ils ont découvert qu’ils
pouvaient se lancer dans un commerce juteux, un commerce qui rapporte
beaucoup plus qu’autre chose.» La guerre se mène contre des groupes
parfaitement organisés en connexion avec les bandes armées elles-mêmes
liées aux terroristes qui rôdent dans ces régions.
La majorité des personnes arrêtées dans le cadre de la lutte qui se mène
contre la drogue se trouvaient également en possession de lots d’armes,
de munitions, et même de très grosses sommes d'argent, font, d’autre
part, remarquer des observateurs.
Comparé aux résultats des saisies effectuées durant les périodes
précédentes, poursuivent ces initiés, celui obtenu durant les derniers
six mois révèle une intensification certaine des activités de ces
réseaux ayant pour mission d'introduire des drogues sur le territoire
algérien. «La situation est très certainement liée aux tensions qui
règnent dans les pays voisins. L’instabilité qui prévaut notamment en
Libye a favorisé l’émergence de bandes spécialisées dans les trafics en
tous genres. L’insécurité et l’anarchie dans ce pays sont une aubaine
pour les trafiquants de drogue. Il en est de même pour ce qui se déroule
dans les pays africains qui nous entourent. Les bandes désertiques sont
un territoire idoine pour le passage de cette marchandise. Les troupes
de l’ANP jouent un rôle primordial pour faire barrage à ce phénomène. Le
bilan du semestre écoulé est effarant, mais il nous incite aussi à nous
poser une autre question : quelle est la quantité de drogue introduite
en Algérie ? La réponse se trouve malheureusement chez nos jeunes, dans
les écoles et les rues de nos villes.»
A. C.
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