Monde : Turquie
Erdogan s'en prend à la «marche pour la justice» de l'opposition
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé
samedi le principal parti d'opposition de se ranger du côté des
«terroristes» au 17e jour d'une «marche pour la justice» entamée à
Ankara et qui approche d'Istanbul, son objectif.
Cette marche de trois semaines a été lancée à l'initiative du chef du
Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu, pour protester
contre l'incarcération d'Enis Berberoglu, un député de son parti,
condamné à 25 ans de prison pour avoir dévoilé des secrets d'Etat.
Avançant sans insigne partisane, avec «Justice» comme seul mot d'ordre,
M. Kiliçdaroglu a rallié une foule croissante à chaque étape de sa
marche, qu'il prévoit de terminer le 9 juillet avec un rassemblement
géant devant la prison où est incarcéré M. Berberoglu, à Maltepe près
d'Istanbul.
«Si vous commencez des manifestations pour protéger les terroristes et
ceux qui les soutiennent alors qu'il ne vous vient pas à l'esprit de
faire des manifestations contre les organisations terroristes, vous ne
pourrez convaincre personne que votre objectif est la justice», lui a
lancé samedi M. Erdogan, qui avait déjà mis en garde mi-juin
M. Kiliçdaroglu contre une convocation des autorités judiciaires.
«La ligne représentée par le CHP (...) a dépassé l'opposition politique
et pris une nouvelle dimension», a-t-il poursuivi, s'adressant à des
représentants de son parti à Ankara.
«La route que vous avez empruntée est celle de Qandil et de la
Pennsylvanie», a accusé
M. Erdogan: Qandil est une zone montagneuse dans le nord de l'Irak qui
sert de base arrière aux séparatistes kurdes du PKK, considérés comme
«terroristes» par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Et c'est en Pennsylvanie qu'est installé Fethullah Gülen, un prédicateur
islamiste à qui Ankara impute le putsch manqué de juillet 2015.
M. Gülen nie les accusations portées contre lui.
Au-delà des sympathisants du CHP, la marche initiée par M. Kiliçdaroglu
rallie de nombreuses personnes préoccupées par les purges menées depuis
la tentative de putsch, dans le cadre desquelles environ 50 000
personnes ont été arrêtées et plus de 100 000 limogées ou suspendues.
Samedi, le cortège qui réunissait plusieurs milliers de personnes a
rallié Sakarya, à moins de 150 kilomètres d'Istanbul.
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