Chronique du jour : DIGOUTAGE
Arabiser le français


Par Arris Touffan
Nous avions, au lycée, quelques années après l’indépendance, un vieux professeur français de français qui adorait l’Algérie. Il ne voulait en aucun rentrer chez lui en France. Il se sentait vraiment bien. En ces années-là, le processus d’arabisation avait commencé. Chaque année, une nouvelle matière s’ajoutait au lot. Un professeur d’arabe, qui était un ami de ce professeur de français, le taquinait souvent : «Alors, vous partez quand ?», lui demandait-il. Et le professeur de français de répondre : «Eh bien, mon cher ami, je partirais le jour où vous arabiserez le français.» Entendre : jamais. Car on peut «arabiser», c'est-à-dire enseigner en arabe, les maths, la physique, la géographie, l’histoire, mais une autre langue, non !
Vint un jour pourtant où ce professeur de français partit. Non pas parce que le français a été arabisé, mais parce que devenu trop vieux, il préféra rentrer dans sa campagne. Mais, nous, on a accompli, quelques années plus tard, ce qui lui paraissait la quadrature du cercle : arabiser le français. Mille choses le montrent ! Dans la façon de parler et d’écrire et le français et l’arabe, on trouve les signes de cette incomparable prouesse. Et d'ailleurs, nous continuons, vaille que vaille.
C’est à cette histoire que fait penser cette information. Des candidats au concours de recrutement d’enseignants de français ont subi trois épreuves en… arabe pour une en français. C’est encore une façon de continuer à terrasser le colonialisme, cheh !
A. T.
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