Actualités : INVITATION DE TEBBOUNE AU DIALOGUE
Quelles chances de réussite ?
Quelles chances d’aboutir a le dialogue auquel a
appelé le Premier ministre en vue de la construction d’un consensus
national autour des questions nationales au vu du refus de certains et
des réserves d’autres parmi la classe politique et la sphère syndicale ?
Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - S’il a réussi à arracher le
consentement même à demi-mot des partis de la mouvance verte, avec,
cependant, quelques réserves de pure forme, cet appel de Abdelmadjid
Tebboune n’a pas trouvé un écho favorable auprès du reste de la classe
politique émargeant dans le camp démocratique dont le refus de souscrire
à cette démarche a été on ne peut plus explicite.
Pour Abdelmadjid Menasra, le MSP, parti à la tête duquel il a été
intronisé samedi dernier à l’occasion du congrès de réunification avec
le défunt Front du changement (FC), tranchera cet appel du Premier
ministre «une fois renseigné sur la teneur de l'initiative», lui qui
considère le dialogue comme «une voie civilisée dans la pratique
démocratique». Et de promettre que «le mouvement aura un rôle positif
dans tout dialogue inclusif».
Le FJD, par la voix de son vice-président, Lakhdar Benkhelaf, réitère
l’appui du parti à cette «démarche du dialogue sur des sujets importants
qui concernent les citoyens et la gestion du pays et les questions
importantes posées sur toutes les scènes afin d’arriver à un consensus».
Et au chef du groupe parlementaire du triumvirat Nahda-Adala-Binaa de
signifier son accord pour un dialogue permettant de «revoir ces
subventions de façon à ce qu’elles reviennent aux nécessiteux».
L’autre acteur de la mouvance verte, le mouvement Nahda, se dit
souscrire «pleinement» au dialogue auquel appelle le gouvernement. Dans
le communiqué sanctionnant une session ordinaire de son conseil
consultatif national tenue vendredi dernier, le parti a recommandé la
«nécessité de réunir les conditions à même d'assurer sa réussite».
Toujours au sein de la mouvance islamiste, le mouvement Islah soutient
que «tous les partis, syndicats, associations actives et toutes les
composantes de la société algérienne sont condamnés à aller vers un
grand consensus politique qui contiendra tous les points communs entre
les initiatives présentées jusque-là soit par les partis de l’opposition
soit par ceux de la coalition». C’est ce que soutenait son président
lors de la récente université d’été du parti, appelant, dans ce sillage,
le pouvoir à «afficher sa disponibilité à parrainer ce dialogue et à
s’engager pour sa réussite». Mais ces signes de disponibilité dans le
camp vert tranchent nettement avec le niet et les réserves des partis du
flanc démocratique. «Pour notre parti, le dialogue avec les partenaires
sociaux représentatifs doit être la règle. Cette démarche ne doit
procéder ni d’un bricolage de circonstance ni d’une improvisation. Le
cadre de la tripartite rénové, c’est-à-dire ouvert aux syndicats
autonomes et à toutes les organisations professionnelles et patronales à
égalité, est l’instrument idoine», soutenait le président du RCD lors de
la tenue d’une session ordinaire du parti, le 30 juin dernier. Pour
Mohcine Belabbas, c’est «le pouvoir qui refuse le dialogue pour sortir
le pays de l’ornière», reprochant au gouvernement son «populisme à deux
sous (…) qui présente l’impossibilité économique du pays de solliciter
des prêts extérieurs comme une décision du chef de l’Etat». Refus plus
clair que celui signifié par le FFS qui, dans les résolutions de son
conseil national tenu il y a une quinzaine de jours, a estimé que
«participer à ce pseudo-dialogue servirait de caution et de faire-valoir
au régime». Pour le doyen des partis de l’opposition, il y a dans cet
appel au dialogue du gouvernement une preuve de plus que ce «régime en
fin de cycle n’a pas épuisé toutes ses manœuvres politiciennes pour se
maintenir», ce face à quoi il appelle «le peuple, qui n’est pas dupe de
cette réalité, à la vigilance».
Plus que cela, le FFS considère qu’à «travers son dernier appel au
dialogue, le pouvoir cherche en réalité à impliquer les acteurs
politiques et sociaux dans son programme d’austérité et de remise en
cause des acquis sociaux ; pervertir la noble initiative de
reconstruction du consensus national, inspirée par feu notre président
Hocine Aït Ahmed, visant à refonder l’État sur la base du droit et des
principes démocratiques».
Attitude, par ailleurs, mitigée du côté du PT à l’égard de cet appel au
dialogue du gouvernement, parti qui, pourtant, avait favorablement
accueilli la nomination d'Abdelmadjid Tebboune au poste de Premier
ministre. La secrétaire générale du Parti avait même qualifié le
successeur de Abdelmalek Sellal d'«homme d'Etat responsable» qui aura à
«relever plusieurs défis notamment aux plans économique et sécuritaire»
et auquel elle affirme «vouer respect et considération». C’est ainsi que
Djelloul Djoudi, chargé de communication du PT, exprime ses
appréhensions quant au risque de voir ce dialogue autour de la révision
du système de subventions déboucher sur la «remise en cause du rôle de
l’État sur le plan social, voire un désengagement, que nous refusons».
M. K.
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