
Régions : Miliana
L’hôpital Farès-Yahia secoué par des conflits internes
Un communiqué commun a été cosigné par les cellules
syndicales du Snapap et du Sap, de l’hôpital Farès-Yahia de Miliana,
dont une copie a été adressée au ministre de la Santé et dont nous avons
été destinataires. ces deux formations syndicales évoquent un conflit et
même une guéguerre qui secoue cet établissement de santé publique depuis
des semaines, un conflit qui oppose, d’une part, 3 médecins
spécialistes, 2 radiologues, Hamdad Hicham et Michakou Moncef, et le
directeur-adjoint, d’autre part, selon le communiqué du personnel
paramédical et administratif.
Dans ce communiqué, les 2 spécialistes et le sous-directeur sont accusés
de comportement indigne, insultes, obscénités à l’endroit du personnel
paramédical, des Milianais et de leurs femmes, des moudjahidine et des
chouhada et de menaces qui pourraient mener à l’emprisonnement pour
certains, menaces qu’aurait proférées le Dr Michakou, toujours selon les
cosignataires du communiqué.
Par ailleurs, les plaignants reprochent à ces spécialistes et au
sous-directeur d’avoir transformé le service de radiologie en PC pour
semer la fitna (la discorde) et déstabiliser l’hôpital. De plus, on
rapporte que le 8 juin dernier, le Dr Michakou aurait insulté
publiquement un cadre du paramédical de l’hôpital, lors d’une
altercation. Dans la foulée, il est reproché à l’administration de
l’hôpital et à la DP de se ranger aux côtés de ces 2 médecins et du
sous-directeur et ce, suite à l’absence de réaction aux correspondances
qui leur ont été adressées. On qualifie cet état de fait de précédent
grave et unique à ce jour dans l’histoire du plus vieil hôpital de toute
la région, un hôpital dont la réputation n’est plus à démontrer, une
absence de réaction qui, selon le communiqué, encourage les 3 mis en
cause à continuer leurs dérapages et leurs dépassements, une situation
qui, dit-on, pousse les fonctionnaires de l’hôpital à défendre leur
dignité. L’intervention immédiate du wali est sollicitée pour mettre un
terme à ce type de conduite et de comportement des mis en cause.
Le directeur de l’hôpital, qui vient d’être installé depuis un mois
environ, dit vouloir ramener le consensus et la convivialité par
l’instauration d’un climat serein où chacun se conformera aux
prérogatives qui lui sont conférées par son statut, conformément au
règlement intérieur et aux textes régissant les relations de travail.
«Je suis le directeur de l’hôpital et non le directeur d’un clan», nous
dira-t-il. Pour en savoir plus sur les tenants et les aboutissants que
cache ce conflit larvé, nous nous sommes adressés au directeur de la
santé, M. Tayeb Meki.
Pour ce qui est de l’absence de réaction reprochée à la DSP, le
responsable du secteur révèle qu’il s’est rendu sur les lieux et a réuni
outre les mis en cause, les représentants de tous les corps, en présence
du coordinateur de wilaya de la centrale syndicale, une réunion où
chacun a eu droit à la parole et à l’écoute.
Il s’est révélé lors de cette réunion qu’un infirmier «qui n’a jamais
porté une blouse blanche» s’est arrogé un poste de «coordinateur des
activités médicales et paramédicales» un poste qui n’a jamais figuré
dans la nomenclature des personnels des hôpitaux. Selon notre
interlocuteur, c’est ce qui est considéré comme un dépassement
d’attribution de compétences d’une fonction jamais classée, et depuis
longtemps. chapeautant les différents services, là où les spécialistes
ne sont pas affectés comme chefs de service, ce qui lui laissait le
champ libre pour imposer sont diktat tout en empiétant sur les
prérogatives du sous-directeur, prérogatives définies et réglementées
par des textes. Le DSP a été surpris par l’intervention des sages-femmes
qui se plaignent du volume de travail des spécialistes, alors que ces
derniers ne s’en plaignent pas.
Selon une source qui a assisté à la réunion, une personne a même proposé
le départ de 3 des 6 gynécologues en poste. A ce sujet, il est légitime
de se demander quelle est l’intention cachée d’une telle proposition.
Qu’il y ait moins d’accouchements et de parturientes qui ne seraient pas
admises à accoucher à la maternité ?
A ce sujet, on rappelle qu’une correspondance avait été adressée au wali
en exercice, il y a 2 ans de cela, exprimant un relent de sectarisme
outrancier qui avait soulevé l’indignation des responsables. On pouvait
lire dans cette correspondance : «Est-il concevable qu’une parturiente
de Miliana aille accoucher ailleurs qu’à Miliana ?»
Selon la DSP, sur le plan des statistiques, le nombre d’accouchements
effectués en maternité arrive loin derrière les autres services de
maternité des autres secteurs sanitaires. On s’interroge aussi comment
on peut se plaindre qu’il y ait tant de gynécologues à Miliana, en plus
de 2 radiologues. Pour la DSP, la réponse est on ne peut plus claire :
«A Miliana, un hôpital de la classe C, les médecins inscrits au
dispositif du service civil ne sont assujettis qu’à une durée de 2 ans,
ce qui n’est pas le cas pour Khemis Miliana ou le chef-lieu de wilaya,
où ils sont assujettis à 3 ans d’exercice».
Le directeur du secteur de la santé observe que le communiqué élaboré
par les 2 cellules syndicales ne comporte aucune revendication
socioprofessionnelle, mais les 2 syndicats se font les défenseurs de la
population de Miliana, de «la dignité à laquelle auraient attenté les 2
radiologues, les défenseurs des moudjahidine et des chouhada. Qui
confère à ces deux cellules syndicales ce rôle et ce droit impartis aux
organisations et aux représentants légaux ?» s’interroge le DSP, en
ajoutant : «N’est-ce pas là un grave dérapage de la vocation syndicale
dont la mission est de défendre les intérêts socioprofessionnels des
fonctionnaires qui y adhèrent ? Or, le contenu du communiqué se révèle
d’ordre purement politique.»
Toujours est-il que le wali est interpellé par le communiqué, pour
intervenir en vue de régler le conflit par «une intervention rapide pour
mettre un terme au comportement irresponsable et immoral de ces 2
spécialistes et propose leur limogeage ainsi que celui du
sous-directeur, avant que la situation ne s’envenime davantage» (fin de
citation).
Karim O.
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