Chronique du jour : HALTES ESTIVALES
L’improbable voyage des Verts en Russie
Par Maâmar Farah
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J’étais
bien tranquille cette semaine parce que je n’attendais rien de ces Verts
édulcorés. En fait, je savais depuis ce fameux nul contre le Cameroun
qu’il n’y avait plus rien à attendre d’une phase qualificative qui
n’aura qu’un seul gagnant : le Nigeria ! Ma chronique du 20 octobre 2016
Parlons football et particulièrement de l’équipe nationale. J’ai déjà
écrit qu’il était exagéré et absolument grotesque de faire monter
«victorieusement» une sélection de football sur un bus défilant dans les
rues de la capitale pour une simple qualification au deuxième tour de la
Coupe du monde (édition 2014) ! De nombreuses équipes africaines sont
parvenues à ce stade, et même plus loin, sans céder à ce «voyeurisme»
déplacé ! Même le finaliste de cette épreuve ne l’a pas fait ! A tout
seigneur, tout honneur : seul le Onze allemand était à sa place sur le
car paré aux couleurs de la Mannschaft. A ce moment-là, les patrons du
football national – et certainement les responsables politiques –
avaient poussé le bouchon un peu trop loin. Certes, il y eut un
précédent : la qualification d’Oum Dourman. Mais on pouvait considérer
que cette joute héroïque et qui nous remettait sur selle après une
longue absence au Mondial – et dans les conditions que l’on sait –
valait ce tour d’honneur dans les rues de la capitale. En fin de compte,
il serait peut-être utile de tout relativiser en se penchant sur le
bilan des Verts de ces dernières années. Deux qualifications successives
à la Coupe du monde après une parenthèse de plus de trois décennies
donnent, certes, du baume au cœur et des ailes aux rêves les plus fous
mais ce n’est ni le sacre, ni la preuve que tout baigne dans notre
football, obligé de faire appel aux Algériens formés et jouant en France
pour bâtir un Onze valable. A moins de considérer que se qualifier est
une fin en soi ! Au cours de ces deux phases finales, qu’avons-nous
réalisé qui vaille d’être cité comme une œuvre grandiose ?
Avons-nous, par exemple, gagné une coupe d’Afrique ? En Coupe du monde :
aucune victoire en 2010 (un nul et deux défaites). Un match héroïque
contre l’Angleterre mais sans résultat positif et puis, plus rien… En
2014, le bilan fut légèrement meilleur en phase éliminatoire (une
défaite, une victoire et un nul). C’était suffisant pour nous envoyer en
huitièmes de finale et puis ce fut ce grand match contre l’Allemagne, ce
moment inoubliable de combativité, de générosité dans l’effort et de
solidarité dans le jeu qui ont ébloui le monde. Mais tout cela n’a pas
suffi à rééditer le coup de 1982 face à la République fédérale
d’Allemagne ! Au final, triste bilan pour deux participations : quatre
défaites, deux nuls et une pauvre victoire ! Les chiffres sont
impitoyables ; ils ne frissonnent pas quand retentit l’hymne national,
ils ne brandissent pas les drapeaux, ne se colorent pas le visage de
vert sur les gradins enflammés: ils sont froids mais tristement
authentiques ! Une petite victoire pour sept matchs ! Et le paradoxe est
que nous avons pavoisé pour ces maigres résultats ! En Coupe d’Afrique,
rien à signaler, hormis cette qualification en demi-finales contre
l’Égypte où les Verts furent étrillés par les vaincus d’Oum Dourman,
dans un match-revanche typique. Evidemment, nous nous en prenions à
l’arbitre et nous agréâmes la sortie des Algériens pour saluer les Verts
et dénoncer le parti-pris du referee mais, avec le recul, il faut
reconnaître que les Verts n’étaient guère brillants à un stade de la
compétition où seuls les «puissants» peuvent forcer les portes de la
qualification. Et ce classement de la FIFA ? Il fut certes justifié car,
sur tous les matchs qu’elle a disputés, en phases qualificatives
africaines comme en joutes pré-mondiales, les victoires se succédaient
aussi bien sur le terrain fétiche de Blida (l’est-il toujours ?) qu’à
l’extérieur.
Ayant acquis une rigueur tactique remarquable et une bonne défense sous
Saâdane, les Verts se remettaient à croire en leurs possibilités
offensives sous Halilhodzic. Le dernier épisode avec Gourcuff fut celui
du renforcement des acquis, d’une maîtrise presque parfaite du jeu
collectif et d’un généreux penchant pour l’offensive, point fort de
l’entraîneur breton. On était donc sur la pente ascendante et, au moment
où l’on s’attendait à voir Gourcuff continuer le travail admirable de
Saâdane et Halilhodzic et en tirer le meilleur profit, voilà que le
coach français décide de partir, interrompant l’immense chantier entamé
une décennie auparavant. Au lieu d’agir vite – on était à quelques
encablures de la première rencontre contre le Cameroun ! –, en faisant
appel à un entraîneur de haut standing pouvant communiquer avec les
joueurs, la FAF, qui a parfois des choix hasardeux, fit appel à un coach
certes qualifié mais qui a besoin d’un… interprète pour parler à ses
poulains ! Il semble aussi que le courant ne soit pas bien passé entre
lui et certains joueurs. En tout cas, il y a quelque chose de cassé au
sein de cette équipe. Le match qu’on na pas remporté contre un Cameroun
facilement prenable car n’étant plus ce team tant redouté par le passé,
fut justement le match à gagner à tout prix ! Dans un groupe de la mort
qui n’est certainement pas sorti par hasard (a-t-on idée de ne pas
mettre ces puissances du football africain que sont l’Algérie, le
Nigeria, le Cameroun et même la Zambie, dans le même pot du tirage au
sort ?), chaque rencontre vaut son pesant d’or mais il s’agit surtout
d’éviter les faux-pas à domicile. Un maigre point dès le premier match
at home, ça devient une vraie catastrophe quand, au même moment, le
Nigeria – grand favori – glane trois points à l’extérieur.
Mais cette situation a un avantage certain. Nous n’allons pas perdre
notre temps à compter les points et à faire des calculs inutiles ! Le
hasard a fait que le tout prochain match se jouera au Nigeria et là, mes
frères, l’équation est toute simple : on perd – ce serait logique – et
nous voilà à cinq points du premier, donc ce sera foutu pour Moscou ; on
gagne et nous passons devant le Nigeria : l’espoir d’y arriver resterait
intact ! Donc, tout se jouera au cours de ce prochain duel et si l’on
perd, il ne faut surtout pas croire ceux des plateaux TV,
hyper-nationalistes mais nuls en foot, qui nous diront que c’est encore
jouable ! En fait, ce qui attend les Verts le 7 novembre à Uyo est un
véritable «quitte ou double» ! Personnellement, je ne crois pas que le
Nigeria se laissera faire. Cette puissante machine qui voit arriver,
année après année, une pléiade de jeunes joueurs talentueux des
catégories inférieures, a tout pour s’imposer. Les Algériens, qui ont
multiplié les maladresses à Blida et péché par un «esthétisme» de
mauvais goût, en cherchant parfois la manière au détriment de
l’efficacité, doivent retrouver la rigueur tactique et un jeu technique
dépouillé et sans déchets. Mais ils doivent surtout retrouver l’âme
guerrière d’Oum Dourman ! Serait-ce possible avec des éléments dont
beaucoup sont parés du titre de «stars» alors que ceux du Soudan étaient
des inconnus dans le gotha mondial ? Je suis sceptique parce que je
continue de penser que nous avons perdu la qualification face au
Cameroun.
M. F.
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