Chronique du jour : DIGOUTAGE
Le blues du Dinar
Par Arris Touffan
J’ai essayé de me faire expliquer la khalouta qui nous sert de situation
économique en Dézédie par un ami dont c’est le job mais nous dûmes, d’un même
avis, admettre que c’est un échec. Planche à billets ? Financement non
conventionnel ? Emprunts ? FMI ? Machins ? Et tout le tremblement…. Il entra
dans des considérations alambiquées qui m’ont plongé davantage dans le cirage.
Me voilà le nez tout noir comme un clown dans une planche de bande dessinée en
noir et blanc.
J’ai essayé de traduire en langage accessible aux péquenots comme bibi mais rien
n’y fait. Financement non conventionnel ? C’est quoi, ça !
Au lieu de devoir emprunter du fric, avec toutes les conditions qu’on t’imposera
inévitablement et qui finiront par t’étrangler, eh bien, tu imprimes toi-même ta
monnaie, comme un grand. De toutes les façons, tu es déjà pas mal étranglé comme
ça.
Imprimer ta monnaie, comme tu imprimes un carton d’invitation ou un faire-part ?
Sûr que ce n’est pas ce qu’il y a de plus malin. Le fric devient une
publication. «On tire combien», crie le rotativiste ? «Je te dirai quand il
faudra arrêter», répond l’Autre qui compte large.
Ce n’est pas ce qu’il y a de plus finaud, mais ça se fait, y compris dans les
pays développés. Le tout, semble-t-il, est de ne pas dépasser certaines normes.
Bon, voilà, donc le financement non conventionnel, on y vient quand on n’a pas
le choix. Quand, par exemple, on ne peut plus trouver à emprunter. Et ça semble
être bien le cas !
Quoi qu’il en soit, l’avenir pour les petits est loin d’être reluisant, à
supposer qu’il ne l’ait jamais été. On annonce déjà une hausse des prix dès le
mois de janvier prochain. Les mauvaises habitudes des Algériens de claquer le
fric comme si ce n’était pas le fruit du travail mais une manne envoyée par Dieu
à travers les profondeurs des nappes pétrolières seront dures à perdre. Va
falloir apprendre à bosser. Et cet apprentissage doit commencer, comme le
balayage de l’escalier, par le haut.
Car, quoi qu’il arrive, on ne change pas. En essayant de rentabiliser les
explications de mon ami économiste, j’ai retenu du discours d’Ouyahia un risque
et une chance.
1. Le risque de dévaluation du dinar.
2. La chance de la surévaluation de Bouteflika.
A.T.
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