Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Cultiver la contradiction, y a pas mieux !
Par Malika Boussouf
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A l’écouter à la fois louer l’action du président de la République
et parler de la situation de fragilité extrême dans laquelle se trouve
le pays, on se demande à qui il faudrait imputer les échecs successifs
de ces dernières années. Ne pas réaliser en discourant que l’on est en
train de dire une chose et son contraire révèle combien on ne réfléchit
même plus à ce que l’on dit. Et pourquoi le faire après tout si la
majorité est là pour étouffer en applaudissant les protestations d’une
opposition dont les membres avancent en rangs dispersés et aiment
par-dessus tout se distinguer les uns des autres, convaincus qu’ils sont
d’avoir plus et mieux à dire? A moins que le chef de l’Etat n’ait pas
été entendu et que ses directives n’aient donc pas été appliquées, on ne
comprend pas comment son action peut en même temps qu’elle aura été
géniale, selon les affirmations de M. Ouyahia, conduire le pays à
l’impasse que l’on sait.
Je serai Bouteflika, je me méfierais de ce genre de discours qui,
au-delà des déclarations d’amour et de fidélité, suggèrent clairement
que le premier magistrat du pays n’a pas su gérer les affaires de
celui-ci.
Ce à quoi d’aucuns pourraient lui rétorquer que ce dernier n’a surtout
réussi ni à déléguer ni à choisir les profils requis pour l’aider à
mettre l’Algérie à l’abri de ce qui l’attend. Exit la pseudo-paix
reconquise grâce à une réconciliation nationale conclue entre
terroristes élevés, depuis, au rang d’hommes d’affaires respectables et
l’Etat.
Exit également tous ces chiffres que le chef de l’Exécutif adore énoncer
devant des «représentants du peuple» dont il sait qu’ils ne vont pas
exiger de lui une lecture approfondie, plus explicite. Il n’a finalement
pas tort le Président qui, comme on le dit pourtant, ne le porterait pas
dans son cœur, l’appelle à la rescousse à chaque fois qu’il est en
difficulté. Qui serait mieux armé qu’un Ouyahia pour vous regarder droit
dans les yeux et vous affirmer, allègrement, sans jamais sourciller, que
vous avancez à grands pas vers la prospérité, mais qu’en attendant, il
vous faudra franchir l’énorme fossé qui vous sépare de l’apothéose ?
M. B.
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