Sports : Le président de la FAF ne s’opposerait pas à la
volonté de ses collaborateurs de se séparer de l’espagnol
Zetchi lâche Alcaraz, le BF prépare la «rébellion»…
«Si ça ne tenait qu’à moi, Alcaraz serait limogé.» Le
propos est du président de la FAF, Kheireddine Zetchi, qui s’exprimait
dimanche sur les plateaux de nos confrères d’Echourouk News.
Recruté en avril dernier, l’entraîneur espagnol Lucas Alcaraz vit ses
dernières semaines en Algérie. Après le stage qu’il dirige depuis
dimanche au CTN/FAF de Sidi Moussa dédié à l’EN A’, le technicien
ibérique devrait boucler, au début du mois prochain, sa brève expérience
algérienne par un dernier regroupement consacré à la préparation du
match Algérie-Nigeria comptant pour la dernière journée des
qualifications au Mondial-2018 programmé le 7 novembre à Constantine.
Ce serait une décision irrévocable qu’entérinera le bureau fédéral
durant sa réunion qui suivra l’ultime sortie officielle des Verts dans
ses qualifications africaines.
Hésitant à envisager une telle issue au lendemain de la double défaite
devant la Zambie, septembre dernier, qui a scellé l’élimination de
l’Algérie de Russie-2018 M. Zetchi semble désormais faire preuve de
circonspection. Moins tranchant en tout cas que lorsque des voix à
l’intérieur de son conseil consultatif, le bureau fédéral de la FAF en
l’occurrence, le premier responsable du football réclamaient la tête de
l’ex-driver de Grenade.
Dimanche soir, Zetchi a évoqué la pression populaire pour justifier
l’éventualité de se séparer d’Alcaraz et a, surtout, prévenu que cette
rupture unilatérale du contrat peut ne pas être « la meilleure des
solutions ».
Kheireddine Zetchi a précisé que l’espagnol est dans son droit de
réclamer l’intégralité des indemnités contenues dans son contrat
surtout, rappelle-t-il, qu’il n’était pas tenu par l’objectif de
qualifier les Verts en phase finale du Mondial-2018 mais seulement à la
CAN-2019(Cameroun) où il aurait à atteindre les demies-finales.
En définitive, Zetchi semble plus craindre les conséquences sportives
d’un tel divorce qui, sur le plan financier, coûterait à la FAF la
bagatelle de 840 mille euros qui représentent les mensualités d’Alcaraz
entre décembre 2017 et février 2019 en sus des «cachets» de ses trois
adjoints qui s’élèveraient à 210 milles euros.
Zetchi ne dit pas pourquoi le départ précipité de Lucas Alcaraz
constitue une «perte sportive» pour l’EN même s’il est loisible
d’imaginer sa pensée de vouloir préserver une stabilité technique
dangereusement ballotée par son prédécesseur. Non seulement, les Verts
devront faire connaissance avec un quatrième sélectionneur (Gourcuff,
Rajevac, Leekens et bientôt Alcaraz) en l’espace de 19 mois (de fin mars
2016 à novembre 2017) mais ils devront aussi se reconstruire en
profondeur : sur le plan mental pour recouvrer la confiance dilapidée et
le registre sportif puisque le départ à la retraite de nombre de joueurs
de l’actuelle sélection ouvrirait les portes à de nouveaux capés en
quête d’expérience à l’échelle internationale. Un passage à niveau qui,
même en présence d’un sélectionneur chevronné et de renommée mondiale,
n’est pas sûr de s’opérer sans casse.
Le BF impliqué malgré lui
Il faut bien reconnaître que le scenario tel que présenté par l’actuel
patron de la FAF met à l’épreuve la crédibilité de l’Algérie. On voit
mal, en effet, des entraîneurs d’envergure internationale postuler au
poste de sélectionneur des Verts ou accepter facilement de travailler
avec des responsables fédéraux en manque d’imagination et d’harmonie.
Zetchi aura beau invoquer les divergences par l’esprit démocratique des
débats au sein de son conseil, il aura du mal à convaincre ses
interlocuteurs, managers ou entraîneurs qui postuleront pour le poste
vacant à partir de novembre prochain, de travailler autour d’objectifs
sur lesquels une partie de son bureau fédéral ne serait pas d’accord.
S’il faut croire que l’Algérie a réalisé des prouesses extraordinaires
en termes de coalitions politiques contre-nature, il faudrait surtout
réaliser que le football est un monde à part où la politique a peu de
crédit. Chaque président de club ou de ligue veut imposer sa façon de
réfléchir et gérer. C’est pourquoi le triumvirat Zetchi- Haddad- Ould
Zemirli, trois présidents de clubs, ne trouvera, malgré les apparences,
jamais de terrain d’entente et que la FAF, sous leur direction,
fonctionnera tel un navire emmené par trois commandants de bord qui
veulent mettre le cap sur trois différentes destinations.
Se croyant plus malin, Zetchi a renvoyé la pression sur le reste des
membres du BF particulièrement le duo Haddad- Ould Zemirli, en
l’occurrence ses deux vice-présidents.
Deux personnages qui avaient montré une certaine hostilité lors du choix
opéré par Zetchi en avril dernier lors du recrutement d’Alcaraz.
Dimanche, Zetchi annonçait que les membres de son bureau, qu’il réunira
ce mercredi en session ordinaire, se prononceront sur l’avenir d’Alcaraz
dès la fin des éliminatoires au Mondial-2018. Il est clair que, quelque
part, la décision de limoger «à l’amiable» est déjà entérinée. Avec ou
sans le consentement de Zetchi, toute la question est là. Sachant que la
nomination d’une sélection est une attribution dédiée au seul président
de la FAF doit-on comprendre alors que Zetchi s’est fait déposséder
d’une de ses prérogatives fondamentales et que, par conséquent, son tour
viendra pour subir le même sort que son DTN (Fodil Tikanouine) et son
sélectionneur, l’espagnol Alcaraz ?
M. B.
|