Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Les mots qui fâchent
Par Malika Boussouf
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Un lecteur plus en colère qu’acquis au message m’a demandé pourquoi
on attend toujours de ceux qui n’ont pas les moyens qu’ils se serrent
davantage la ceinture. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les
discours ne font pas que peur. Ils fâchent aussi. Je ne sais pas si l’on
attend plus de ceux qui en ont le moins, et on aurait tort de le faire,
mais ce que j’imagine mieux c’est que l’intervention qui affole a plus
de chances de faire mouche et d’obtenir les effets escomptés auprès de
ceux qui n’ont rien à défendre parce qu’ils n’ont rien à perdre.
Serait-il possible, m’écrit le lecteur, de «demander au Premier ministre
pourquoi il dit aux Algériens de consommer et de se contenter de
produits locaux, c'est-à-dire les pommes de terre et les oignons,
surtout, pourquoi il a l’art de nous faire peur, pourquoi il nous jure
qu’il n’a plus d’argent pour payer les fonctionnaires et les retraités
alors que l’hebdomadaire Jeune Afrique vient de révéler que les députés
algériens ont bénéficié à la fin de la dernière législature d’une prime
de départ des plus conséquentes, de l’ordre de 100 millions de centimes
chacun ?
Et c’est juste un petit ‘‘cadeau de départ’’ à peine visible pour nous
grâce à un média étranger. Car le fond du fond, on le connaît beaucoup
moins sur ce qu’engrangent ces spécialistes de la main levée sans jamais
apporter le moindre centime ou la moindre valeur ajoutée au pays».
Voilà, en partie, ce qui alimente la colère ici et là, fait ruer dans
les brancards et moins courir aux urnes. Le fait que les députés se
démarquent d’une austérité qui s’impose en urgente nécessité. Disons que
les élus censés représenter le peuple ont divisé par deux la fameuse
prime qui devait, à l’origine, leur être offerte pour leur constance,
leur fidélité et les innombrables services rendus à la nation. Se
sont-ils pour autant montrés convaincants ? Faut-il, en même temps,
estimer qu’ils ont fait leur part du devoir ?
Difficile effectivement à admettre quand on sait le mal que se donne le
pays pour garder la tête hors de l’eau. Peut-on appeler ses administrés
à plus de raison et rémunérer généreusement une Assemblée finissante ?
M. B.
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