Actualités : LEUR PERTE DE TERRAIN SE CONFIRME
Le déclin des islamistes
S’il subsistait encore un doute il s’est dissipé ce
week-end après la proclamation des résultats des élections qui viennent
de s’achever : le déclin de la mouvance islamiste n’est pas une simple
vue de l’esprit. Les chiffres parlent d’eux-mêmes révélant l’existence
d’une nouvelle situation au sein de la société.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - La mouvance islamiste partie briguer
des sièges durant ces communales se présentait comme suit. Le Mouvement
de la société pour la paix (MSP), Ennahda, El-Adala et El-Binaa, tous
trois regroupés au sein d’une même formation, une alliance en fait
conçue comme un front pour faire face aux impératifs de l’heure. Et que
nous disent les chiffres justement ? Eh bien les quatre partis ont
réussi à obtenir uniquement 57 sièges au sein des APC. La majorité a été
arrachée par le MSP avec 49 sièges représentant 4,9%, alors que
l’alliance n’a pu dans sa totalité acquérir que 8 sièges.
Plus grave encore, ni le MSP, ni le trio Ennahda, El-Adala et El-Binaa
n’ont pu obtenir de sièges au sein des APW. Dans son ensemble, la
mouvance avait pourtant présenté pas moins de 720 listes pour les APC et
une autre centaine de listes pour les APW. Là aussi, les espaces sont
majoritairement occupés par le Mouvement de la société pour la paix,
puisque des chiffres plus détaillés nous permettent d’apprendre que
l’alliance islamiste n’a présenté que 25 listes APW et 240 listes APC.
Durant la période consacrée à la préparation des listes électorales, la
presse avait à plusieurs reprises rapporté des informations relatives
aux difficultés rencontrées par ces partis pour la confection de ces
dernières. Ces résultats ne constituent pas pour autant une surprise en
soi.
La perte de vitesse des formations islamistes a commencé à être
nettement constatée il y a plusieurs années déjà.
Ayant réussi à se place comme une force politique incontournable dans le
pays, le MSP a connu son âge d’or vers la fin des années 90. Arrivé en
bonne place aux élections communales de 1997, il obtient 14,80% de voix
à cette époque mais en perd la moitié en route vers l’échéance de 2002
où il n’obtient que 7% du suffrage exprimé.
En 2007, une légère ascension lui permet d’obtenir 9,4% de sièges
brigués. Ainsi placé, il parvient à se maintenir et faire entendre sa
voix jusqu’aux élections (du même genre) de 2012 où sa perte de terrain
se confirme. Les résultats officiels donnent 2,88% au MSP alors que
l’alliance des trois partis qui s’est mise en place durant cette période
peine à se placer dans l’échiquier politique (2,69%).
Les dernières élections confirment définitivement le déclin de la
mouvance islamiste. Minée par des conflits internes qui ont phagocyté
cette base même dont elle tirait fierté, mise à mal par la conjoncture
régionale et internationale (dans son ensemble) dans laquelle les
islamistes sont perçus comme générateurs des conflits qui ont mis à feu
et à sang des pays que les Algériens connaissent bien, les leaders de
ces formations peinent à maintenir la place qu’ils occupaient autrefois.
Le discours islamiste, son projet de société, ses méthodes de
recrutement au sein d’une jeunesse désabusée et déçue y compris par ses
«chouyoukhs» qui lui promettaient un idéal jamais atteint ne passent
plus à l’évidence.
A. C.
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