Actualités : Fraude et bourrage des urnes
Constantine sur un gril


Un bourrage des urnes à grande échelle aurait émaillé le double scrutin de jeudi dernier dans la wilaya de Constantine. Mise à l’indexe en particulier, l’administration aurait donc initié la fraude en question, laquelle attitude aurait été probablement tue en tant que fait «devenu banal dans les mœurs de cette dernière», si, pour autant, l’annonce des résultats n’avait pas été perçue par la majorité des partis politiques prétendant au glanage potentiel de sièges lors de ces joutes comme l’affront de plus à l’essence même de leur existence sur la scène politique du pays.
C’est ce qui ressort du conclave tenu hier au siège de la permanence de campagne du MSP à Constantine en présence des représentants de cinq autres formations politiques entre responsables locaux de partis, têtes de listes électorales et militants, à savoir, le PT, le MPA, El-Islah, le FFS et Talaie El-Houriet pour décider des actions aussi bien individuelles que communes à entreprendre afin de recouvrer leurs «droits usurpés» avant de passer, pourquoi pas, à des actions politiques concrètes. «Nous détenons des preuves matérielles irréfutables de la fraude généralisée qui a entaché ces élections dans la wilaya de Constantine», dira d’emblée un représentant du MSP.
Exhibant des liasses de procès-verbaux émanant des bureaux de vote après dépouillement et comportant des anomalies criantes, selon eux, mais aussi d’enveloppes volumineuses contenant des bulletins de vote, tous au profit du FLN et qu’ils disent avoir retrouvées dissimulées à différents endroits des centres de vote dont les toilettes à titre d’exemple.
Et de modèles frappants révélés sur place à propos de la fraude qu’ils dénoncent, les intervenants des différentes formations font part, documents à l’appui, de procès-verbaux où le nombre de votants dépasse largement celui des inscrits par bureau et autres écarts vertigineux dans les chiffres des bureaux d’un même centre qui dénoterait, non pas une répartition hasardeuse de la part de l’administration mais foncièrement un bourrage patent.
Et en parlant de bourrage qu’ils imputent notamment à l’administration locale, en particulier le chef de l’exécutif, celui-ci aurait eu lieu, pour la circonstance, selon deux variantes. La première concernant la forfaiture d’arrimer à bon port et par tous les moyens le parti du Président, le FLN en l’occurrence, en boostant ses scores au mépris des lois de la République et des citoyens algériens.
Le second palier de la falsification serait, selon eux, le fait de suramplifier le taux de participation quitte à bourrer les urnes par des bulletins vides, ce qui aurait été le cas dans plusieurs centres, selon différentes sources.
Propos étayés par leurs auteurs par les décomptes qu’ils auraient faits eux-mêmes sur la base de plus de 95% des procès-verbaux certifiés par les bureaux de vote répartis sur le territoire de la wilaya. Arithmétique qui révélerait que le taux de participation n’aurait pas atteint les 20% dans toute la wilaya et que les suffrages exprimés au profit du FLN oscilleraient autour de 10 000 voix avant de passer à plus de 22 000 voix selon les chiffres officiels avancés pour la commune de Constantine à titre d’exemple.
Dans cette histoire de chiffres, il faut reconnaître que la wilaya de Constantine s’est emmêlée les pattes de manière lamentable et de façon à attiser davantage les suspicions autour de ce scrutin. Une communication hasardeuse qui ne prendra pas le soin de rattraper ses propres bourdes malgré les alertes faites par les journalistes accrédités pour les couvertures médiatiques de l’évènement, s’agissant des taux de participation aux différents pointages avancés par la wilaya et qui étaient à chaque fois opposés avec ceux communiqués par le ministère de l’Intérieur. Aussi, le taux de participation à la clôture de l’opération de vote pour la wilaya de Constantine demeuré énigmatique pour tous les communicants et les partis politiques eux-mêmes au moment où les mêmes taux afférents à toutes les wilayas du pays défilaient sur les écrans de télévision. S’ensuive le véritable scandale de l’annonce des résultats entourée d’un black-out total et sans aucune explication aux journalistes qui ont dû compter sur leurs propres sources pour dénicher des informations non officielles pour des élections dites propres et transparentes.
Et ce n’est qu’après l’annonce officielle des résultats généraux par le ministre de l’Intérieur que la cellule de communication de la wilaya de Constantine lâche enfin les siens, lesquels étaient totalement opposés à ceux déjà communiqués par une poignée de journalistes.
La même cellule de communication qui revient à la charge, pas plus tard qu’hier matin, par le renvoi, par deux fois, du même communiqué attestant la confirmation des résultats qu’elle avait tardivement annoncés la veille et qui avaient déjà soulevé un tollé parmi les partis politiques qui avaient perdu des sièges dans les APC et APW par le fait de cette annonce.
Et ce n’est enfin qu’au même moment de la tenue du conclave des représentants des formations indignées qu’un nouveau communiqué, restituant auxdits partis leurs sièges, est tombé.
Un fait qui ne change rien pour ces protestataires qui réaffirment détenir les preuves matérielles appuyant la véracité de leurs accusations et, mieux encore, ce revirement ne serait à leurs yeux qu’une cabale pour les amener à faire marche arrière par rapport à ce qu’ils entendent entreprendre auprès des juridictions compétentes, la justice et le Conseil constitutionnel parallèlement à des actions politiques qui interviendront après concertation avec les états-majors et les partenaires associés à leur démarche.
K. G.



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