Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Au temps des hommages multiples !


Par Malika Boussouf
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Qu’est-ce qu’une cérémonie d’adieu peut être belle ! Elle révèle toute la reconnaissance que l’on dit, encore une fois, une dernière, à celles et ceux dont on sait que le souvenir est indispensable si l’on veut continuer à faire vivre et grandir l’histoire.
Les hommages rendus, en France, à l’académicien Jean d’Ormesson et à Johnny Hallyday ont remis au goût du jour la négation faite à Assia Djebar par les siens, trop occupés ailleurs, pour prendre le temps de s’arrêter sur ses mérites et l’honorer. Et c’est la France qui lui rendra ce qu’elle a apporté à la culture francophone : une bibliothèque portera son nom. Pas ici. Là-bas. Et il s’en trouvera toujours qui estimeront normal qu’elle ne le soit pas pour avoir davantage servi la culture francophone. Ce fameux butin de guerre dont se réclamait Kateb Yacine et dont nous avons épousé les propos-vérité.
Ceux qui estiment la culture non essentielle et la voudraient clandestine pourront toujours se rire de ces pays qui portent aux nues celles et ceux des leurs qui alimentent leur histoire en la rendant impérissable par la communion et le partage. Ceux-là mêmes qui construisent le mythe d’une nation.
Assia Djebar, Mohammed Arkoun, Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, et j’en passe. Ils sont nombreux, vivants ou disparus, ceux qui ont, encore, cet immense pouvoir de nous embarquer dans leur monde. Et l’occasion est ponctuellement donnée de revenir sur la façon dont l’Etat traîne des pieds quand lui faut reconnaître, à ces hommes et femmes dont il devrait s’enorgueillir, leur valeur inestimable. Lorsque vous regardez faire les autres, lorsque vous vous attardez sur la façon dont ils s’affairent autour d’un homme de lettres, d’un chanteur, d’un peintre, d’un musicien et regardez les honneurs qui leur sont rendus à leur disparition, vous réalisez un peu plus combien les hauts responsables de votre pays et vous-mêmes qui ne dites rien êtes loin de ces gestes qui différencient un Etat d’un autre. Je parle là d’un pays comme le mien où les préoccupations ne sont pas là où elles devraient être et où l’on n’a pas de temps à perdre à célébrer les siens.
M. B. 





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