Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
La roqia, ce rituel barbare qui tue !
Par Malika Boussouf
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Je n’avais jamais entendu parler de roqia avant les années 90. Je
n’avais même jamais entendu prononcer ce mot. Aujourd’hui, pour le
moindre mal de tête, il s’en trouvera qui vous loueront l’efficacité
d’une telle pratique. Et surtout ne vous avisez pas de vouloir expliquer
combien il est dangereux de contourner la science qui cherche des
remèdes concrets. Ceux qui identifient les maux, les soulagent et les
guérissent. Que peuvent, effectivement, valoir des faits rationnels
comparés au poids de discours qui gagnent en crédibilité dès lors qu’ils
sont prononcés par des charlatans dont les pratiques contestables à plus
d’un titre ne peinent même plus à convaincre ? Comment ne pas parler de
plaie incurable quand ces derniers plaident les pouvoirs de l’occultisme
au cœur même des mosquées ? Que des personnes qui n’ont pas eu la chance
de fréquenter les bancs de l’école se laissent prendre au baratin de
prédicateurs malintentionnés, cela peut s’expliquer. Mais que celles
chargées de transmettre le savoir à des enfants prennent pour argent
comptant ce qui leur est conté par des diseurs de bonne aventure, cela
fait froid dans le dos. On a du mal à parler de ces aberrations dont on
voudrait qu’elles ne soient qu’accidentelles dans la vie de quelqu’un.
Et on a tort de traiter ces choses-là avec mépris, de ne pas percevoir
cette avancée audacieuse de l’insensé. C’est ahurissant de lire des
choses pareilles qui font réaliser combien l’on est loin de
l’indispensable pragmatisme. Et c’est à celles-là que l’on confie ses
enfants ? Il est donc là le niveau de l’enseignement en Algérie où on ne
sait plus qui enseigne quoi ? Le charlatanisme aurait, ainsi, des émules
parmi les enseignants. Comment attendre d’une femme qui croit dur comme
fer qu’elle va guérir sa sœur en la soumettant à des séances
d’exorcisme, qu’elle va orienter des enfants vers un futur ouvert au
monde ? Qu’une enseignante en soit là, c’est hallucinant ! La seule
pensée que c’est à ce genre de personnes que nous confions l’avenir de
notre jeunesse me stupéfie ! L’urgence voudrait que l’on réforme les
mécanismes d’un enseignement gagné par le recul.
M. B.
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