Monde : TUNISIE
Généralisation des manifestations contre la cherté de la vie
Plusieurs
régions en Tunisie ont connu, dans la nuit de lundi à mardi, des
affrontements entre la police et des manifestants qui protestaient
contre la hausse des prix, accompagnés dans certains quartiers par des
actes de pillage et de violence notamment à Tebourba où un jeune homme a
trouvé la mort, alors que le gouvernement s'est engagé à prendre des
mesures en urgence pour la réalisation d'un nombre de projets à travers
le pays.
Les évènements ont concerné notamment Kasserine, Tebourba, Gafsa, Gabès,
Nabeul et la capitale Tunis, selon l'agence tunisienne TAP. Selon le
ministère tunisien de la Santé, «Khomssi Yefrni (43 ans) de Teboura (40
km de la capitale) a succombé à ses blessures lors de son transfert à
l’hôpital universitaire de Tunis». Plusieurs témoins, cités par des
médias, ont indiqué qu'il serait mort après avoir été «percuté
intentionnellement» par une voiture de police. Une version démentie par
le ministère de l'Intérieur tunisien, qui parle lui dans un communiqué
d'un décès par asphyxie pour cause d'asthme, et a ordonné une autopsie.
La mort de ce manifestant intervient alors que les protestations contre
la vie chère se multiplient depuis quelques jours en Tunisie. La veille,
elles ont atteint une dizaine de villes. Et presque partout, les forces
de l'ordre sont intervenues pour les disperser à coups de gaz
lacrymogènes. Derrière ces manifestations: une campagne lancée par de
jeunes activistes et intitulée «Fech Nestannew», qu'est-ce qu'on attend
? Sa principale cible: la hausse des prix, consécutive à une nouvelle
loi de finances qui augmente les taxes sur certains produits. Bien que
les produits de première nécessité ne soient pas concernés. Cependant,
ces manifestations ont vite débordé et ont abouti à des affrontements
avec les forces de l’ordre, avec de nombreux blessés parmi les
policiers. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur Khalifa Chibani a
confirmé l’arrestation de 44 personnes dans les cités d’Ettadhamen,
Intilaka, à Kasserine et Gafsa. Ils seraient impliquées dans des actes
de violence. Il a indiqué, également, qu’à Kasserine, le dépôt municipal
a été envahi et 34 motos ont été volées, précisant également que
plusieurs établissements publics dont des postes de police ont été
envahis par des protestataires. Plusieurs agents de l’ordre ont été
également blessés durant ces événements qui ont touché plusieurs régions
du pays simultanément. Le ministère a indiqué que l’armée est descendue
dans la ville pour sécuriser les édifices publics. Des scènes semblables
se reproduisent un peu partout, notamment à Sidi-Ali-ben-Aoun, et Gafsa,
selon les médias locaux. A Thala, relevant du gouvernorat de Kasserine,
les manifestants avaient bloqué l’avenue principale de la ville et brûlé
des pneus en protestation contre la dégradation du pouvoir d’achat, la
montée du chômage et l’absence de développement dans la région. Ils ont
scandé des slogans appelant à transformer la ville de Thala en
gouvernorat et à accélérer la réalisation des projets programmés. Suite
à ces incidents éclatés dimanche dans cette région, le gouvernement
tunisien a annoncé qu'un Conseil ministériel sera tenu avant la fin de
ce mois de janvier, consacré au gouvernorat de Kasserine pour examiner
les questions de développement dans les différentes zones de la région.
Par la voix de son ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi,
l’exécutif tunisien s’est engagé à relancer la réalisation d'un nombre
de projets entravés dans une durée déterminée, dont l'hôpital régional
type B à Thala et la création d'un pôle du marbre pour valoriser les
richesses de la région. Il a fait savoir que des mesures et des
décisions seront prises en urgence au profit des habitants de la région
lors du Conseil qui sera tenu prochainement. Commentant ces
manifestations, le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du
travail (UGTT), Noureddine Tabboubi, a insisté sur l'impératif de
respecter les engagements formulés par le gouvernement envers la région
et de réaliser les objectifs de la révolution. L’UGTT, qui s’était
illustrée, les dernières semaines de l’année 2017, comme étant le
soutien et le support inébranlable du gouvernement Youssef Chahed, a
souligné l'appui, inaliénable, aux revendications légitimes des
protestataires.
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