Culture : Comédie musicale Boussaâdia Sound à Alger
Quand l'amour transcende l'espace et le temps
La comédie musicale Boussaâdia Sound de la
Coopérative culturelle Aoun de Sétif a été présentée à Alger dans une
fresque à plusieurs escales où l'amour, né du croisement de l'histoire
et du patrimoine, transcende l'espace et le temps, au plaisir d'un
public relativement nombreux. Accueilli à la salle Ibn Zeïdoun de
l'Office Riadh El-Feth (Oref), le spectacle, mis en scène par Tounès Aït
Ali, sur un texte de Leïla Benaïcha, enrichi par une adaptation poétique
signée Djamila Mustapha Zegaï, raconte, 70 minutes durant, le périple
d'un père, «Baba Merzoug», et de son fils, chacun cherchant l'autre
après avoir été séparés par les forces du mal qui se sont abattues sur
leur région.
Déployée en sept tableaux différents, la comédie musicale met en valeur
la richesse culturelle de l'Algérie en rapport avec d'autres cultures, à
travers des chants et des danses brillamment conduits dans la finesse du
geste et la grâce du mouvement par 14 comédiens issus de plusieurs
villes du pays.
D'ouest en est et inversement, le public est vite embarqué dans un
voyage initiatique qui le mènera au Soudan, au Liban, en Libye, en
Tunisie, en Andalousie, mais aussi aux villes et régions algériennes de
Biskra, Boussaâda, Sétif, Kabylie et Alger, dans un croisement qui a
établi des passerelles entre les cultures et où l'amour finira par
triompher.
A chaque escale du périple, «Baba Merzoug», personnage porté par
plusieurs comédiens, prend l'identité d'une personnalité, culturelle ou
autre, qui a dominé la région mise en valeur, à l'instar de Omar El
Mokhtar, héros libyen, résistant à la colonisation de son pays par les
Italiens ; Smaïl Yefsah, journaliste algérien assassiné en 1993 par les
terroristes ; Etienne Dinet, devenu Nasreddine Dinet, peintre
orientaliste et lithographe français épris de la beauté de la ville de
Boussaâda au point de s'y établir, et Baba Salem, personnage mythique du
folklore algérien.
Occupant l'ensemble de l'espace scénique, Faïza Amel, Houria Bahloul,
Dalila Nouar, Amel Benamra, Rym Attal, Rachid Belaguili, Mohammed Hadri,
Lounis Naït Ali, Walid Belali, Mohamed Ferchouli, Farouk Redaouna,
Mohamed Lahbib Bouberguigue, Sensabil Baghdadi et Khalil Aoun, également
président de la coopérative culturelle éponyme, productrice du
spectacle, ont réussi à porter la trame à travers des chants et des
danses et en se donnant la réplique dans un rythme ascendant et soutenu.
La chorégraphie, œuvre de Yacine Saâdna, conçue pour l'essentiel dans le
registre contemporain et la conception des lumières, assurée par Farouk
Redaouna, ont bien servi le spectacle, également enrichi par une
scénographie fonctionnelle, réalisée par Chawki Khaouatra, faite
d'estrades mobiles sur lesquelles les comédiens, dans leurs différents
rôles, faisaient défiler successivement les transitions du temps et des
lieux. La bande son, empreinte de créativité, a été servie par Sensabil
Baghdadi, Hocine Smati et Lahbib.
M. Bouberkik qui, entre compositions et reprises intelligemment
réarrangées, ont mis en valeur les sonorités traditionnelles du goumbri,
du oud et de quelques bruitages inspirant le Sud dans ses silences et
ses étendues, créant de belles atmosphères d'épopée aux traits
autochtones.
Boussaâdia Sound, spectacle d'une grande esthétique présenté dans le
registre de la comédie musicale — qui demeure peu exploité par le
théâtre en Algérie —, a réussi à transmettre le son profond et
rassembleur de ce personnage fabuleux, ancré dans la tradition populaire
et qui continue de traverser le temps, préservant une partie de la
mémoire du patrimoine culturel algérien.
La comédie musicale Boussaâdia Sound, produite sous l'égide du ministère
de la Culture, en collaboration avec l'Office national des droits
d'auteurs et droits voisins (Onda) et l'Oref, est programmée samedi au
même endroit pour une deuxième représentation.
|