Monde : Cameroun
3 gendarmes tués dans l’ouest anglophone
Trois gendarmes ont été tués dimanche à Kembong, dans
la région camerounaise anglophone du Sud-Ouest, où l’armée mène des
opérations suite à des informations portant sur des «attaques
imminentes» de sécessionnistes. «Nous avons déjà trois gendarmes tués à
Kembong. Il y a eu quelques attaques parsemées et maîtrisées. Les
auteurs des crimes auraient d’ores et déjà été arrêtés», a déclaré à
l’AFP le colonel Didier Badjeck, porte-parole de l’armée camerounaise,
joint dimanche depuis Libreville.
Vendredi, une note interne du ministère de la Défense camerounaise
faisait état de menaces d’«attaques imminentes» de sécessionnistes
contre «plusieurs villes» du Cameroun anglophone. Un couvre-feu a été
instauré dans les deux régions anglophones. Sur les réseaux sociaux, la
nébuleuse sécessionniste camerounaise menace depuis plusieurs jours de
troubler les célébrations du 11 février, date du référendum qui a réuni
francophones et anglophones camerounais en 1961 et que Yaoundé a
transformé en 1966 en «fête de la Jeunesse».
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest regroupent les habitants
anglophones, soit 20% de la population camerounaise. Elles sont secouées
depuis plus d’un an par une profonde crise socio-politique, qui s’est
peu à peu muée en conflit armé de basse intensité. «Il a été demandé aux
éléments de continuer à faire preuve de sang froid. Toutes les
provocations d’une audace extrême ont été évitées», a encore déclaré M.
Badjeck, qui s’était défendu vendredi des accusations d’exactions de
forces de sécurité lors d’opérations contre les séparatistes. L’Union
européenne avait jugé «essentiel» jeudi que l’armée fasse un usage
proportionné de la force, alors que les témoignages à charge se
multiplient dans la presse et sur les réseaux sociaux. «On espère que
l’Union européenne comptabilise ces assassinats inadmissibles qui, sous
d’autres cieux, auraient eu l’effet d’un tremblement de terre», a encore
indiqué M. Badjeck.
Le 18 décembre, quatre gendarmes avaient déjà été tués à Kembong. Depuis
le début de la crise anglophone, 26 membres des forces de sécurité ont
été tués par des séparatistes présumés en régions anglophones, selon un
décompte de l’AFP sur la base des déclarations officielles de Yaoundé.
Aucun bilan sur le nombre de morts civils ou de séparatistes n’a pu être
établi de source officielle depuis le début de la crise. Près de 33 000
personnes, essentiellement des villageois, se sont réfugiées au Nigeria,
fuyant les violences.
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