Un vote sur fond de détresse sociale

C'est un peuple fatigué, usé par deux années de quasi inactivité dans plusieurs secteurs directement liés à la vie sociale des populations, qui s'apprête à se rendre aux urnes, ou à ne pas s'y rendre en signe de protestation. En général, les locales drainent plus de monde que les autres consultations mais tout reste possible au sortir du grand plongeon dans le dénuement d'un nombre important d'Algériens. Et c'est cette crise sociale qui va marquer les mois à venir.
Ce moment crucial est justement choisi pour changer le mode de distribution des aides sociales notamment en ce qui concerne le soutien des prix de première nécessité. Pas de précipitation sur ce terrain glissant ! Ces subventions sont une réalité dans de nombreux pays proches et il serait intéressant d'étudier leurs expériences dans ce domaine. Connaissant la lourdeur et la corruption qui affectent l'administration, les formules empruntées directement aux modèles occidentaux risquent de compliquer le problème au lieu de le résoudre.
Le meilleur exemple est dans l'actualité et nous l'avions prévu dans un précédent billet. Les bureaux de l'Anem sont pris d'assaut par de très nombreux jeunes qui découvrent subitement qu'ils sont... chômeurs ! Leur objectif est de bénéficier de la nouvelle indemnité et non de chercher du travail. Nous allons nous retrouver avec des millions de nouveaux chômeurs !
La situation économique et la longue pratique d'un État solidaire imposent une approche où l'idéologie ne doit pas être écartée au nom d'un «économisme» sans effet sur la vie des plus faibles. Même si certains ne veulent plus du socialisme et de tout ce qui s'y rapproche, il ne faut pas se mentir : les valeurs sociales de l'État imaginé par le 1er Novembre n'y sont pas très éloignées.
M. F.