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Rubrique Ce monde qui bouge

Algérie, réserves de change, attention danger !

L’Arabie Saoudite est-elle en train de changer ? Et si c’est le cas, dans quel sens ? Ce qui est sûr c’est que les faits et gestes du prince héritier, Mohamed Ben Selman alias MBS, et tout ce qui semble s’écarter (ou être en porte-à-faux) du dogme wahhabite sont scrutés et analysés. Ainsi, les purges ciblant le 4 novembre dernier sur décision de MBS 341 princes et membres de la famille royale, qui ont fini par être libérés le 30 janvier dernier après avoir payé des cautions ayant rapporté, selon le procureur de l’Arabie Saoudite, Saoud al Mojeb, cité par l’AFP, plus de 400 milliards de riyals (107 milliards de dollars) dans les caisses de l’Etat saoudien. C’est cher payé un «internement» au Ritz Carlton de Riyad ? Non, quand on sait que la famille royale – autour de 3 000 membres – détiendrait plus de 10% du PIB saoudien.
Parmi les personnes libérées, le prince Walid Ibn Tallal, pour lequel Emmanuel Macron est intervenu. Et pour cause, cet ami de la France qui possède outre l’hôtel de luxe Georges V de Paris, résidences et yacht sur la côte d’Azur, est surtout le patron du Holding Kingdom, société d’investissement saoudienne, totalement investie dans le plan Vision 2030 (270 milliards de dollars) visant à diversifier l’économie saoudienne et à mettre fin à une économie basée exclusivement sur une rente pétrolière en déclin depuis quelques années.
Alors, un coup pour rien que cette opération «mains propres» à la saoudienne ? Non, selon Nabil Mouline, fin connaisseur du royaume wahhabite et de ses arcanes, c’est la fin de la distribution horizontale du pouvoir entre les princes – ils sont, dit-on, près de 3 000 – mise en place dans les années 50, qui est visée à travers ce redéploiement autoritaire. «Ce n’est pas le printemps de Riyad mais l’automne des caciques», expliquait-il dans un entretien à l’OBS.
Pour le reste, il ne faut pas s’attendre à des changements radicaux. Le fait que des clercs wahhabites déclarent que le voile n’est pas une obligation religieuse ne signifie pas que l’on va autoriser les Saoudiennes à l’enlever ou l’alléger à la manière des Iraniennes. MBS ne va pas scier la branche salafiste sur laquelle il est assis. Les décapitations se poursuivent : le 28 décembre, un chauffeur a été exécuté au sabre pour avoir provoqué un accident de la route faisant six morts, portant le nombre d’exécutions à plus d’une centaine en 2017.
Les flagellations en public ne se sont pas arrêtées. Ainsi va le royaume wahhabite et Raïf Badawi, le jeune blogueur, condamné à 10 ans de prison et dont la condamnation à 1 000 coups de fouet à raison de 100 par semaine a été suspendue grâce à une formidable campagne de solidarité, n’est pas encore tiré d’affaires. Sa femme, Insaf, escompte un geste de MBS, qui est de la même génération que Raïf.
Pour l’heure, embourbée au Yémen où des affrontements ont éclaté à Aden au sein même de la coalition anti-chiite soutenue par Riyad, la monarchie wahhabite a d’autres chats à fouetter.
Mardi dernier, je suis tombé sur cette dépêche de l’APS annonçant – c’est le patron de la Banque centrale Mohamed Loukal qui l’affirme devant les sénateurs – que les réserves de change du pays ont reculé de 16,8 milliards de dollars en 2017 passant de 114,1 milliards à fin 2016 à 97,3 milliards de dollars à fin 2017. On est donc bien loin des prévisions optimistes de l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal qui déclarait en septembre 2016 que «jusqu'à 2019, les réserves de change ne baisseront pas sous le seuil des 100 milliards de dollars». Toujours est-il, et c’est un vrai motif d’inquiétude, qu’entre fin 2014 et fin 2017, les réserves de change ont ainsi baissé de 81,6 milliards de dollars. Cela fait beaucoup. Et n’eût été un léger redressement du prix du baril – 54 dollars en 2017 contre 45 en 2016 – la situation aurait été plus dramatique. Enfin, toujours selon M. Loukal, entre 15 et 20 milliards de dollars circulent hors des circuits bancaires et échappent aux impôts. Comment récupérer tout cet argent qui représente l’équivalent du PIB du Sénégal (17 milliards de dollars), puisque le recours à la finance islamique, présenté un moment comme la solution miracle, ne semble avoir donné que de modestes résultats ? Mystère et boule de gomme.
Sur ce, à jeudi prochain.
H. Z.

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