Placeholder

Rubrique Ce monde qui bouge

Crise algérienne, inquiétudes et enjeu international

Les vendredis restent toujours aussi fournis mais sans vrais débouchés politiques, et ce, alors que la revendication du changement reste la dominante de ces marches. Mais depuis que le maigre espoir soulevé par le panel, dont la demande de « mesures d'apaisement », pourtant bien accueillie par le chef de l'Etat selon l'économiste Smaïl Lalmas, est tombée à l'eau, la crise profonde à laquelle est confrontée le pays, sur fond d'absence de solution crédible et partagée, nourrit toutes les inquiétudes.
Bien avant l'intervention du vice-ministre de la Défense, le général Gaïd Salah, le panel, nommé un peu à la va-vite, semblait voué à l'échec. Plusieurs personnalités, et non des moindres, avaient décliné son invitation à rejoindre l'instance de médiation. Deux membres du panel, dont S. Lalmas, ont, par la suite, quitté le navire. Et le positionnement de Karim Younès — après avoir menacé de démissionner, il s'est ensuite ravisé — a plus que semé le trouble parmi les moins opposés à une sortie de crise dans le cadre constitutionnel, voulue par le pouvoir politique.
Et puis, pourquoi le cacher, au sein de l'ex-Alliance présidentielle, excepté le seul FLN, ses trois alliés — le RND, le MPA et TAJ — c'est «motus et bouche cousue». Non seulement ils sont disqualifiés de fait pour prétendre participer au dialogue mais, de plus, on ne les a plus entendus depuis que leurs chefs respectifs séjournent à El-Harrach et que les ont rejoints, pour « dilapidation de deniers publics », depuis lundi, deux autres ex-ministres Abdelghani Zaâlane et Mohamed el-Ghazi…
Côté opposition et société civile, le moins qu'on puisse dire, est qu'on ne se bouscule pas trop pour aller au dialogue. Même Abdallah Djaballah est furax contre le panel et le pouvoir ! Ce qui signifie qu’au sein des Forces du changement, rien ne va plus.
Enfin, il y a le Hirak dont certains souhaiteraient qu'il se donne des interlocuteurs afin, sans doute, de mieux le contrôler, alors que d'autres estiment que sa force réside dans le fait qu'il est en train de faire émerger de nouvelles expériences citoyennes et de civilité qui pourraient façonner l'Algérie de demain. A son actif, la chute du pouvoir de Bouteflika, la réappropriation de l'espace social trop longtemps squatté par les forces islamo-rétrogrades, et des acquis du mouvement de libération nationale que les différents pouvoirs instrumentalisaient à des fins de légitimation. Et si le Hirak s'oppose à une élection présidentielle conçue comme unique option à la crise actuelle, c'est parce qu'à ses yeux, cette option n'offre aucune garantie de changements démocratiques suffisants.
Face à cette situation qui paraît inextricable, des voix ont prôné la désobéissance civile. Outre le fait que celle-ci est porteuse de risques pour la paix civile et la stabilité du pays, elle ne peut que faire le jeu des forces rétrogrades, antirépublicaines, qui n’ont aucun intérêt à un changement démocratique et, en dernière analyse, elle se traduira par la fin du Hirak. Pour rappel, l’Algérie a déjà connu ce type d’action théorisée par Saïd Makhloufi, ex-dirigeant du FIS-dissous et membre du groupe armé MEI (Mouvement de l’Etat islamique) avant de rejoindre le GIA : cela s’était traduit par la grève insurrectionnelle de mai-juin 1991 à l’appel du duo Abassi Madani-Ali Benhadj. En mars dernier, des appels avaient été lancés dans ce sens et n’ont pas, heureusement, été suivis d’effet.
L’absence de solution crédible et partagée par tous les acteurs nourrit donc toutes les inquiétudes. A l’international, il y a des pays qu’un changement démocratique en Algérie inquiète. C’est le cas notamment de l’axe Riyad-Abou Dhabi. Emiratis et Saoudiens, dont on connaît les liens avec Donald Trump, craignent par-dessus tout les conséquences qu’entraînerait un changement démocratique en Algérie au niveau arabe et maghrébin. Et ce, en raison du poids régional de l’Algérie et, surtout, en raison de son passé historique.
Les Emirats arabes unis, qui jouent au petit gendarme moyen-oriental pour le compte de Washington, sont présents militairement en Libye, ils financent la force du G-5 mise en place par la France au Mali et disposent, depuis le 2 juillet, d’une base militaire au Niger, pays dont la situation sécuritaire se dégrade de jour en jour. Le pouvoir le sait. C’est pour cela que la crise algérienne est un enjeu qui dépasse le seul cadre national et que la présence militaire émiratie à nos frontières interroge.
H. Z.

N. B. En congé, la chronique reprendra le 29 août. Bonnes vacances à toutes et à tous.

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Intempéries Quatre personnes secourues à Tizi-Ouzou

  2. Air Algérie annonce la suspension de ses vols à destination de la Jordanie et du Liban

  3. Trafic de drogue Un réseau tombe à Oran

  4. Sfisef (Sidi-Bel-Abbès) Lumière sur l’assassinat des 3 taxieurs retrouvés enterrés dans une ferme

  5. KFC Algérie ferme deux jours après son ouverture

  6. CNR Les retraités appelés à utiliser la technique de reconnaissance faciale via "Takaoudi"

Placeholder