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Rubrique Ce monde qui bouge

Hirak au temps du coronavirus et manigances

Le coronavirus ? Un allié naturel des anti-hirakistes ? C’est un vrai risque de santé qui peut être plus dissuasif que tout ce qui a été entrepris pour faire baisser la mobilisation citoyenne. Il aura un impact, c’est sûr – on le verra bien ce vendredi — car la crainte est réelle. C’est humain. Pas seulement en Algérie. 
Voyez en France, comment le gouvernement de Macron a profité du vent de panique provoqué par le coronavirus sur son pays et en Europe pour faire passer sa politique impopulaire de réforme des retraites qu’une écrasante majorité de ses concitoyens rejette. Coronavirus ou pas, le Hirak n’est pas près de s’éteindre, il va durer. Inutile donc pour ceux qui s’y opposent de se frotter les mains par avance. 
Pour le reste, c’est la sortie médiatisée de Ali Benhadj, avec l’aide de ces démocrates « émouvants de naïveté » (dixit Mohamed Benchicou), qui tombe à point nommé. Elle a le mérite de clarifier la situation. Elle a surtout jeté le trouble dans les rangs du Hirak parce qu’on a essayé de vendre aux Algériens l’image d’un homme qui se serait converti aux idéaux démocratiques. Si c’est le cas, pourquoi ne les couche-t-il pas par écrit ?
Plus encore, son passé ne plaide pas pour lui. Et puisqu’il est de bon ton de mettre la décennie noire sur le dos des généraux, qu’en est-il des propres responsabilités de Ali Benhadj durant les années 80 et 90 ? Il n’a rien à se reprocher, ce monsieur ? Est-il une victime comme les autres ? 
Le mouvement Rachad, c’est un autre cas de figure. Il se différencie de la stratégie des gros sabots de Benhadj et ses amis. Il se veut la vitrine soft d’un islamisme qui ne dit pas son nom. On ne trouvera d’ailleurs que rarement des références au religieux dans le discours de ses leaders. Rachad se veut en phase avec les revendications du Hirak, il est pour les valeurs de la démocratie. Mais l’est-il vraiment ? Le statut des femmes, la liberté de conscience et le rapport du politique au religieux, par exemple, ne font pas partie de ses éléments de langage. Quant à ses accointances avec la mouvance islamiste internationale, c’est silence radio, à moins que Larbi Zitout, qui s’est affiché à maintes reprises avec les islamistes syriens en Turquie, qui a demandé à l’Algérie d’intervenir en Libye (aux côtés de la Turquie ?) contre Haftar, ne soit un électron libre au sein de Rachad. 
Il n’en reste pas moins que cette stratégie policée de brouillage des repères – « on est tous pour la démocratie », « khawa khawa », « pour un Etat civil et non militaire », Larbi Zitout, conversant avec l’ex-dirigeant du PAGS Sadek Hadjeres — est payante : Rachad se veut ouvert à toutes les sensibilités politiques et idéologiques. Il se veut un mouvement rassembleur n’ayant qu’un objectif : le changement du système. Il a en tout cas réussi à se rendre acceptable par une frange de la mouvance démocratique et du Hirak. Mais pas au point de faire oublier le passé d’ex-membres purs et durs de l’ex-FIS de ses figures de proue. 
En effet, les responsables de Rachad – Mourad Dhina, Larbi Zitout... — dont les propos sont relayés et médiatisés par la télé Al-Maghribiya, créée grâce à l’argent qatari et rebaptisée « Hirak TV », ont tendance, dans toutes leurs interventions, à se défausser sur l’armée concernant « la décennie noire », en dégageant leurs propres responsabilités. Or, ils ont bien des choses à se reprocher. Ces ex-cadres de l’ex-FIS étaient membres de la mouvance El Djazara dont le bras armé le FIDA (Front islamique du djihad armé) est derrière les assassinats d’intellectuels, de journalistes, de syndicalistes et d’acteurs de la société civile et politique, assassinats que Dhina et ses amis ont légitimés. Bien plus, Dhina, par exemple, a-t-il oublié qu’il s’était prononcé contre la trêve décrétée par l’AIS ? Et même pas une autocritique ! 
Pour la clarté des débats, et sans faire de procès à quiconque, il faut rappeler ces faits, en parler sereinement afin de faire éclater la vérité et situer les responsabilités des uns et des autres. Et s’il faut passer par la mise en place d’une justice transitionnelle afin de tourner définitivement la page des années 90 et avancer vers un véritable État de droit, pourquoi pas ? Il faut y aller, et cesser de se vautrer dans une posture de victimisation pour masquer ses propres responsabilités. 
Pour conclure, la question n’est pas de diaboliser Rachad ou tout autre courant de la mouvance islamiste mais de ne pas s’illusionner sur leur conversion aux idéaux démocratiques.  
H. Z.

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