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Rubrique Ce monde qui bouge

Ils ont voté en marchant, et maintenant ?

Quelle sera la réponse du pouvoir politique alors que le vendredi 1er mars pour lequel l’appel est déjà en ligne, s’annonce aussi mobilisateur ? Faute d’espaces d’expression libre – ils ont été réduits à zéro depuis 1999 – le débat et l’envie d’exprimer tout haut son ressenti se sont déplacés dans la rue et sur les places publiques, après un détour par les stades de football où il est plus facile de fermer le son quand les matchs sont retransmis en direct par les quatre chaînes publiques. 
Il faut être aveugle pour croire à une manipulation, un «complot ourdi» comme on disait dans le bon vieux temps du parti unique, ce qu’évoquent avec nostalgie ceux qui ne voient pas que le monde a changé et que la génération actuelle ne comprend pas un traître mot à un discours hérité des années 60, époque où peu de foyers disposaient d’une ligne téléphonique. 
Force est de constater que depuis le 22 février, la contestation citoyenne s’est élargie, elle a gagné pratiquement toutes les universités algériennes, tournant à la démonstration de force étudiante, et ce, sans compter le rassemblement des avocats, le sit-in des journalistes des médias publics et l’appel des universitaires algériens. Ça fait un peu beaucoup de monde quand même. 
Pour l’heure, même si on a entendu scander «système dégage», c’est le «non au 5e mandat» qui est le dénominateur commun des protestataires. Mais ça peut aller vite si le pouvoir politique persiste dans son déni de la réalité et n’offre pour seule réponse que le maintien de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika lequel, selon Abdelmalek Sellal, ira déposer son dossier le 3 mars prochain, date-butoir prévue par la loi ! 
Les Algériens savent, par expérience, que les élections dans un système verrouillé n’ont pas pour fonction de sanctionner la gestion des gens qu’ils ont élus. Ces derniers, une fois élus, ne sont pas comptables auprès de leurs électeurs. Ça ne leur traverse même pas l’esprit car ça ne fait pas partie de leur background et de leur ADN politique. Pour eux, les élections sont une formalité qui n’a pour seule et unique fonction que de reconduire à l’infini le système politique actuel avec le même personnel politique. 
L’heure est-elle donc encore à l’élection présidentielle ? L’Algérie n’est pas dans la même configuration socio-politique qu’en 2014 où le mouvement Barakat et Rachad (issu de l’ex-FIS) et l’opposition peinaient à mobiliser, aujourd’hui, la donne a changé. Les manifestations, aussi soudaines que massives ayant touché tout le pays, ont de fait rendue caduque la présidentielle du 18 avril. Maintenir quoi qu’il en coûte – c’est ce que beaucoup ont retenu du message de Abdelmalek Sellal – la candidature d’Abdelaziz Bouteflika malgré la gravité de son état de santé, en pariant sur un essoufflement des protestations, ne fera donc que reproduire l’impasse politique.  
Que reste-t-il ? Faire peur, dans le but de forcer la main aux Algériens, en évoquant le spectre des «vendredis noirs» syriens où des Syriens manifestaient avec des emblèmes wahhabites, scandant «Il n’y a de Dieu que Dieu et Bachar est l’ennemi de Dieu», d’un peuple déchiré par des rivalités ethnico-confessionnelles ! L’Algérie n’est pas dans ce cas de figure. Elle n’est pas non plus dans celui de janvier-avril 1992, période de sa «guerre des mosquées» à Alger et dans la plupart des grandes villes du pays. La «décennie noire» est passée par là. La leçon a été tirée. Et l’Algérie n’est pas non plus dans le cas du Venezuela comme l’évoquent certains médias français et algériens également.  
Entre la tentation de passer en force, en maintenant les élections au 18 avril ou être à l’écoute du message exprimé pacifiquement et avec force par des centaines de milliers d’Algériens, le mieux serait de choisir la seconde solution et d’ouvrir le dialogue maintenant et non après le 18 avril, comme le propose Ahmed Ouyahia. 
H. Z.

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