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Rubrique Ce monde qui bouge

Khashoggi ou le triomphe de Tayyip Erdogan

Pour la Turquie d’Erdogan qui dispute le monopole de l’islam sunnite à l’Arabie Saoudite et qui ne savait pas comment ébranler la monarchie wahhabite et la faire descendre de son piédestal pétrolier, le faux-pas, pour ne pas dire l’erreur fatale, commis par les séides du royaume, allait vite être exploité par les services turcs dont on oublie qu’ils sont parmi les meilleurs de l’OTAN. 
Ankara, qui ne s’est jamais remise de la chute du Président Morsi en Egypte à laquelle Saoudiens et Emiratis ont applaudi fortement tout en cassant la tirelire au profit du gouvernement du maréchal Abdelfateh Sissi, et de la pression exercée par les Saoudiens pour rendre gorge aux Qataris, alliés du «grand Turc», ne pouvait rater une si belle occasion pour rebattre les cartes à son profit dans la région. 
Et voilà comment une histoire ayant l’air d’un mauvais polar de série B va tourner au cauchemar pour le régime saoudien qui, dans un premier temps, avait déclaré que Jamal Khashoggi avait quitté vivant le consulat d’Istanbul avant finalement, face à l’accumulation de preuves, d’admettre que le journaliste serait mort lors d'un interrogatoire qui aurait mal tourné. Et c’est à partir de là que tout a changé et que Donald Trump, qui a fait de l’Arabie Saoudite le pivot de sa stratégie contre l’Iran et ses alliés, a commencé à hausser le ton, non sans avoir vainement essayé de minimiser la gravité des faits.  
Certes, on ne peut pas reprocher au chef d’Etat turc, qui se donne le beau rôle, d’exiger que les présumés meurtriers et commanditaires de l’assassinat du journaliste soient jugés en Turquie. C’est sur le territoire turc que cela s’est passé, en violation des règles internationales communément admises par tous les Etats membres de l’ONU. L’opinion turque ne l’acceptera pas, surtout après que Riyad a reconnu les faits et procédé à l’arrestation de 18 Saoudiens impliqués dans la disparition du journaliste. «La conscience internationale ne sera apaisée que lorsque toutes les personnes impliquées, des exécutants aux commanditaires, auront été punies», a ajouté le chef de l’Etat turc qui, soit dit en passant, n’a jamais pris de gants quand il s’agit de fermer des médias, d’embastiller et de condamner les journalistes et les Kurdes. 
Quant à Jamal Khashoggi, dont le cadavre n’a pas encore été retrouvé, et qui n’était autre que le gendre du marchand d’armes, feu Adnan Khashoggi, ce n’était pas un journaliste tout à fait comme les autres. Il était très informé sur les arcanes du régime saoudien. De plus, sa proximité avec Turki al-Fayçal, l’ancien chef des services saoudiens et ennemi juré du prince héritier Mohamed Ben Salmane (MBS), ses entrées au Congrès américain et ses «amitiés» avec des personnalités liées au Parti démocrate et au Parti républicain, ont sans doute joué contre lui et lui ont été fatales.  
Fragilisé et acculé par cette affaire, englué dans une guerre qu’il est en train de perdre au Yémen, le royaume wahhabite, qui se voulait un pion incontournable dans l’échiquier moyen-oriental, risque de voir ses ambitions régionales sérieusement rabotées par cette affaire.  
H. Z. 

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