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Rubrique Ce monde qui bouge

Le 1er Novembre du Hirak ou le basculement générationnel

En quoi ce 1er Novembre sera-t-il historique et différent des précédents ? D’abord parce qu’avec l’irruption du Hirak, nous sommes sans doute en présence d’un basculement générationnel porteur de ruptures. Un mouvement que personne n’attendait, ni un pouvoir politique enfermé dans ses certitudes ni les partis et personnalités de l’opposition. Tous, sans exception, ont été pris de court par cette lame de fond populaire qu’on dirait surgie de nulle part. Et dont l’horizontalité a plus que perturbé des partis politiques habitués à voir les choses à travers des grilles de lecture datant de l’avant-22 février. A cette époque, tous, y compris les journalistes, se focalisaient sur la question de savoir si Bouteflika allait ou non briguer un 5e mandat ! Ce temps-là est fini.
Ensuite, parce que ce mouvement populaire inédit a, pour le moment, sauvé l’Algérie de la dislocation et du démembrement vers lesquels aurait pu la conduire le pouvoir de Bouteflika, en donnant du sens à une unité nationale fragilisée par les pratiques du système politique. D’Est en Ouest, du Nord au Sud, des Algériens, d’origines sociales diverses, se sont retrouvés pacifiquement autour des mêmes mots d’ordre et de la même préoccupation de changement démocratique. Et contre cela sont venues se fracasser les tentatives visant à fracturer ce mouvement citoyen ou à le dévoyer, comme celles qui se sont essayées à raviver des clivages régionalistes éculés.
Si ce mouvement populaire inédit dans l’histoire du pays a signé la fin du système autoritaire basé sur la rente pétrolière, il a aussi mis fin à la rente politico-historique : il s’est ainsi réapproprié, avec ses mots, le roman national confisqué par les pouvoirs successifs depuis 1965 à des fins de légitimation du système. Car l’ancien monde n’a pas encore dit son dernier mot. De temps à autre, on voit surgir des mots d’ordre à connotation religieuse sectaire et à contre-courant de l’histoire du mouvement national comme le slogan « novembria badissia ».

Enfin, le Hirak algérien s’inscrit dans cette mondialisation des révoltes citoyennes et sociales, qui touche de nombreux pays comme le Liban, l’Égypte, le Chili, l’Irak..., et tous ces pays socialement ravagés par le néo-libéralisme. S’il est porteur de revendications démocratiques, il incarne, plus que tout, l’intérêt national comme en atteste le rejet du projet de loi sur les hydrocarbures. Et de ce point de vue, ceux qui craignent, plus à tort qu’à raison, que ce mouvement citoyen se fasse, à son insu, le relais d’intérêts impérialistes et déstabilisateurs en invoquant la situation libyenne ou syrienne commettent une grossière erreur d’appréciation.
Cela étant, force est de constater qu’en l’espace de huit mois, depuis ce 22 février, l’Algérie a fait un bond en avant historique. On est en train d’assister à un retour en force du politique au sens noble du terme. Que ce soit dans les lieux publics ou de travail, dans les quartiers, au bas des immeubles, au café, dans les transports publics, via les réseaux sociaux, ça discute et ça débat. Tout est passé au crible, que ce soit le discours officiel et les actes du pouvoir, les propositions de sortie de crise des acteurs de la société civile politique, les regroupements des forces politiques à l’instar du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) et ses propositions… En tout cas, jamais, depuis 1965 du moins, on n’a assisté à une telle effervescence politique populaire. Désormais, il y a une opinion publique avec qui il faudra compter.
Seul problème - et il est de taille - si ce mouvement populaire se reconnaît dans les figures de Lakhdar Bouregâa ou de militants politiques comme Karim Tabbou, il ne s’est pas encore doté de collectifs structurés reconnus et représentatifs pour parler en son nom. D’autant que ce mouvement citoyen reste distant à l’égard de l’opposition, y compris de celle qui colle le plus à ses revendications et dont on ne sait pas si elle a profité de cet élan populaire sans précédent pour se renforcer, et, partant, disposer d’une assise militante nombreuse et durable afin d’être en mesure de relayer tout ou partie du Hirak sur le plan politique. Et puis, ne soyons pas naïfs, ils sont encore nombreux ces Algériens, sans doute lassés par huit mois de protestation sans rien voir venir et qui voient dans l’élection du 12 décembre, une issue possible à la crise que vit le pays.
H. Z.
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