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Rubrique Ce monde qui bouge

Le Hirak menacé de noyautage ?

A ceux qui la suspectaient de ne s’en prendre qu’à des seconds couteaux et qui lui demandaient des gestes forts, l’armée, plus que jamais au centre du jeu politique, a répondu par l’arrestation de personnalités considérées comme des « intouchables » du système. C’est du moins ainsi qu’il faut comprendre la mise sous mandat de dépôt de Saïd Bouteflika et des généraux Mediene et Tartag, accusés de porter « atteinte à l'autorité de l'armée » et de  « complot contre l'autorité de l'Etat ». 
Et pour une fois, ce n’est pas la chaîne Ennahar qui a annoncé ces inculpations mais la télévision publique, avec images à l’appui afin de convaincre les Algériens qu’il n’y a pas que les lampistes qui doivent rendre des comptes. Soit. Mais à partir du moment où les personnes inculpées - hormis Mohamed Mediene- faisaient partie du cercle rapproché de l’ex-chef de l’Etat, qu’en sera-t-il de ce dernier et de ceux qui l’ont servi, ont justifié sa politique prédatrice et l’ont poussé jusqu’au dernier moment à briguer un 5e mandat avant de retourner lamentablement leur veste ?  
Reste à savoir si cette cascade d’inculpations pour faits de corruption ou autres dont personne ne sait quand elle va s’arrêter est de nature à apaiser la situation. « Il serait naïf de croire que le changement des hommes est la réponse (…) Ce ne sera jamais une garantie suffisante pour une bonne gouvernance et une bonne justice », a rétorqué Mouloud Hamrouche qui invite l’armée à ne pas « aller contre les aspirations du peuple ». 
Le fond du problème est que le modèle autoritaire de l’Etat, ses règles de fonctionnement et de gestion, ce système politique en place depuis plus de 20 ans, incarnés par certaines figures l’ayant servi sans état d’âme, et que les Algériens rejettent depuis le 22 février, a vécu. C’est ce message exprimé pacifiquement douze vendredis de suite et qui va l’être encore durant ce mois de Ramadhan que le pouvoir, c’est-à-dire l’armée puisqu’elle est aujourd’hui au-devant de la scène, devrait écouter. Un message qui a encore été exprimé mardi par la très forte mobilisation des étudiants à Alger et dans la plupart des villes universitaires du pays. 
L’irruption du « Hirak » qui a recentré le débat politique ne doit pas être perçue comme un problème mais plutôt comme une chance, qui pourrait à terme se transformer en force de changement démocratique, de stabilité et de progrès social. C’est une chance à la condition que la transition revendiquée soit assurée par des personnalités réellement indépendantes et sans attaches partisanes politico-idéologiques. 
A ce propos, le nom de Taleb Ahmed Ibrahimi (87 ans), dont le portrait a été brandi par des manifestants le 28 avril et hier par des étudiants, sans doute membres de l’Ugel, organisation étudiante affiliée au MSP, est évoqué comme personnalité « indépendante » pour conduire une éventuelle transition. En tout cas, si on ne peut pas faire du neuf avec du vieux – Taleb Ibrahimi n’est pas de toute première jeunesse – cette manière de tenter de lui fabriquer une image de vieux sage consensuel qu’il n’est pas, aurait prêté à sourire si le pays ne traversait pas un moment crucial de son histoire. 
L’ancien ministre de Boumediene – il s’appelait alors Taleb Ahmed, Ibrahimi a été ajouté plus tard – puis de Chadli Bendjedid, est-il l’homme de la situation ? 
Taleb Ibrahimi n’était pas une potiche, un simple faire-valoir, mais un membre influent du système politique autoritaire, répressif, corrompu et prédateur sous Chadli Bendjedid, un système ayant systématisé l’instrumentalisation de l’islam et une langue arabe débridée et au rabais comme moyen de contrôle socio-politique. 
Le passé de Taleb Ibrahimi au service de ce système où il a assumé d’importantes responsabilités, ses affinités, sa proximité marquée avec l’islam politique et son positionnement concernant la décennie noire, ne plaident pas en sa faveur. Ils le disqualifient. Ceux qui le proposent pour assurer la transition veulent noyauter le Hirak, le détourner de ses buts et sauver ce système politique, moyennant quelques corrections institutionnelles à la marge. Et empêcher l’avènement d’une seconde République.(1) Sans doute est-ce pour cette raison qu’il est question qu’Al Jazeera ouvre un bureau à Alger. 
Pour toutes ces raisons, et vu son âge avancé, le mieux est de laisser Taleb Ibrahimi jouir d’une retraite tranquille. 
H. Z. 

(1) Alors qu’au Soudan, les Frères musulmans au pouvoir sont rejetés par le mouvement populaire, en Algérie on veut les imposer via Taleb Ibrahimi.

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