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Rubrique Ce monde qui bouge

Les lingots d’or d’Ouyahia et les «amis» du Golfe

« Pour nous, la corruption se combat par les actes et non par les discours », déclarait Ahmed Ouyahia à l’APN le 25 février 2019 ! Samedi dernier, l’ex-Premier ministre, qui s’est sans doute dit « je n’ai plus rien à perdre », révèle non seulement avoir été corrompu par des émirs du Golfe mais que d’autres responsables de l’État l’ont été également.  
Deux ans après, celui qui donnait des leçons de moralité et de probité aux Algériens, avouant avoir vendu les lingots d’or au marché noir comme un vulgaire trabendiste, n’a pas voulu balancer les noms de ces généreux « donateurs » pour ne pas nuire, a-t-il indiqué, aux relations avec des « pays amis » ! 
Drôles d’ «amis» que ces pays qui usent de leur richesse au service d’une diplomatie de l’argent pour corrompre des dirigeants d’un pays dit « frère » et, partant, en faire les obligés des monarchies du Golfe. Moralité :  voilà l’image donnée de l’Algérie à ces « amis » du Golfe et d’ailleurs par Ahmed Ouyahia et consorts. 
Curieusement, cet aveu de taille n’a suscité, à ma connaissance, aucune réaction au sein de la classe politique. Silence radio du RND, le parti d’Ahmed Ouyahia, et de ses alliés de l’ex-Alliance présidentielle dont le FLN. Silence radio de ceux qui l’ont côtoyé au pouvoir durant près de deux décennies et qui doivent en connaître un rayon sur ces affaires ! Silence des formations et mouvements d’obédience islamiste et islamo-nationaliste qui ne cessaient de vanter le « miracle » économico-financier des monarchies du Golfe jusqu’à les présenter comme des modèles ! 
Pour quelle contrepartie des émirs ont-ils démarché des responsables ? Pour se faire offrir des espaces dans le Sud algérien afin de se livrer à leur sport favori, la chasse à l’outarde et à la gazelle ? Bien sûr que non. La contrepartie est économique mais aussi politico-religieuse. En politique intérieure, depuis l’accession de Bouteflika en 1999, l’infléchissement est évident. Ce retour du religieux rétrograde ciblant et menaçant en toute impunité les femmes, les démocrates et progressistes, interdisant les spectacles artistiques comme on l’a vu durant l’été 2018, ce retour des figures du salafisme makhdaliste, des prêcheurs cathodiques, du charlatanisme religieux à la Belahmar, médiatisé comme jamais par des télés privées de droit étranger, et auquel l’ex-ministre des Habous Mohamed Aïssa tentait en vain de s’opposer, n’est sans doute pas sans rapport avec l’influence exercée par les monarchies du Golfe. 
Faut-il rappeler que c’est à partir des territoires de ces « amis » du Golfe que Washington, qui dispose de nombreuses bases militaires, a détruit l’Irak de Saddam ! Faut-il rappeler que ce sont ces mêmes pays qui ont été derrière la destruction de la Libye ! Et que ce sont les mêmes qui, après avoir expulsé la Syrie de Bachar de la Ligue arabe, ont poussé à la militarisation du soulèvement syrien et soutenu les groupes djihadistes syriens, des djihadistes qui, selon l’ex-ministre français des Affaires étrangères, faisaient du « bon boulot » ! À côté, les Georges Soros et des ONG de défense des droits de l’Homme, accusés à tort ou à raison de « comploter »  contre l’Algérie, c’est vraiment peu de chose !
Le 5 janvier dernier, lors du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CGC), après la réintégration du Qatar en son sein, ces « pays amis », dont certains ont noué des relations avec Israël – les autres ne vont pas tarder à suivre — ont réaffirmé leur soutien au Maroc sur la question du Sahara Occidental. Autrement dit, ces faux « amis » ou faux « frères », c’est selon, ont tenu avant tout à exprimer leur solidarité à l’un des leurs, la monarchie marocaine, au détriment de l’Algérie ! Et si demain, le Maroc se livrait à une agression militaire contre l’Algérie, il pourrait être assuré du double soutien de ces pétromonarchies et d’Israël. Ça fait quand même beaucoup !
H. Z.

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