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Rubrique Ce monde qui bouge

Matoub, 8 Mars et déchéance de la nationalité

Lounès Matoub et Abdelkader Hachani, même combat ? Morts pour la même cause ? C’est la dernière trouvaille de ceux qui font dans le mélange des genres. Le combat de Matoub, assassiné en juin 1997, contre l’islamisme et pour une Algérie démocratique et plurielle, est connu. Il était aux antipodes d’un Abdelkader Hachani, victime d’une violence qu’il n’a jamais dénoncée de son vivant. En 1999, il avait pris ses distances avec Abassi Madani dont les appels à la trêve faits aux groupes islamistes « n'engageaient  que lui », tout en désavouant pour la même raison Rabah Kebir au motif qu’il ne faisait plus partie de l’ex-FIS ! 
Si deux ans après le début du Hirak on en est arrivé là, c’est parce que des courants démocrates et des figures du Hirak ont permis sans le vouloir cet amalgame — Matoub et Hachani victimes d’un même système et même combat ! – et, partant, cette récupération politicienne. En effet, ils n’ont cessé de louvoyer avec certains principes démocratiques – l’État de droit par exemple — qu’ils sont censés incarner, tout en n’étant pas clairs sur des sujets aussi essentiels que la responsabilité de l’islamisme dans la décennie noire – ce qui ne signifie évidemment pas que le système n’a pas sa part de responsabilité.  
Faute donc de règles de jeu claires, des revendications telles que l’État de droit, les libertés d’expression et de conscience, l’égalité en droits entre la femme et l’homme, ont été quelque peu supplantées par le slogan « État civil et non militaire », auquel ont été associé des slogans discutables du genre « Moukhabarate irhabyia » et « mafia aâskaria » ! Or, si des démocrates avaient scandé le fameux « Ni État policier ni État islamique », si cher au regretté Hocine Aït Ahmed, ils auraient été accusés de diviser le Hirak ! 
Des segments islamistes, qui n’en demandaient pas tant, sont naturellement ravis de cette tournure. Les voilà blanchis de leurs responsabilités sur la décennie noire – c’était déjà fait grâce à la réconciliation nationale de Bouteflika et ce faisant ils considèrent qu’ils n’ont rien à se reprocher — avant d’être relégitimés sans qu’ils renoncent à leurs fondamentaux – un État fondé sur la primauté du religieux sur le politique – puisqu’on ne le leur demande pas. 
Ce flou politique s’est encore vérifié à l’occasion du 8 Mars. Le droit des femmes à la citoyenneté, impliquant l’abolition du code de la famille, est par définition non négociable. Or, tel n’est pas le cas. Cette revendication ne fait pas l’unanimité au sein du Hirak. C’est, dit-on, un sujet qui risque de diviser les rangs du mouvement populaire face au pouvoir ! En Tunisie, quand Ennahdha, avec la complicité de certains démocrates dont Moncef Marzouki, a tenté de remettre en cause le statut personnel, les femmes et les progressistes tunisiens ont tenu bon et contraint les islamistes et leurs alliés au recul ! En Turquie, la polygamie est interdite par la loi… 
Et on assiste ainsi à cette étrange conjonction entre un pouvoir politique qui se contente de gestes symboliques envers les femmes, de franges démocrates se revendiquant des droits de l’Homme alors que le code de la famille est en soi une atteinte aux droits des femmes à la citoyenneté, et cette galaxie islamiste locale ou en exil pour qui les femmes sont là pour faire nombre au sein du Hirak ! Or, un consensus entre les divers acteurs et courants du Hirak, quelle que soit leur appartenance idéologique, ne peut se faire sur le dos de la moitié de la population. 
Un mot sur le projet de déchéance de la nationalité qui cible des Algériens d’origine vivant à l’étranger. Incompréhensible, d’autant qu’il survient après une révision constitutionnelle autorisant l’accès de binationaux à des fonctions jugées non stratégiques ! Si c’est pour frapper de discrédit les Algériens en exil, ça ne marchera pas, comme cela s’est déjà vu à propos de l’interdiction de l’emblème amazigh. Un État qui a fait face au terrorisme islamiste dans les années 90, dans un contexte d’isolement international et de pressions diplomatiques, n’a nul besoin d’un tel texte.
En France, le projet de déchéance de nationalité ne concernant pas les Français de souche mais ceux nés en France de parents étrangers a provoqué un tollé. Raison, entre autres, pour laquelle ce projet a été retiré par François Hollande le 30 mars 2016. Et jeté aux oubliettes… 
H. Z.
 
À Redouane Zizi, parti prématurément samedi dernier. 

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