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Rubrique Ce monde qui bouge

Mondial qatari, les géants du BTP et le Maroc

CES GÉANTS DU BTP QUI ONT PROFITÉ DU MONDIAL. «Les entreprises françaises se font une place sous le soleil du Qatar» (Les Échos du 26.11.2013) mais aussi les géants mondiaux du BTP allemand, belge, chinois, sud-coréen, canadien… À cette époque, rares étaient les médias anglo-saxons et européens qui invoquaient la situation inqualifiable des migrants, ces forçats du bâtiment et des travaux publics, payés au lance-pierre au Qatar. En pointe dans la lutte contre le régime de Bachar el Assad, après avoir participé à la chute du régime de Kadhafi, le Qatar était aux yeux de ces médias dans le bon camp.(1) Apparemment, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et quand l’Arabie saoudite, ses alliés du Golfe et l’Égypte ont rompu en juin 2017 leurs relations diplomatiques avec le Qatar, ce dernier ne comptait plus beaucoup d’amis dans la région moyen-orientale, hormis Ankara avec qui Doha est allié dans la crise libyenne.(2) C’est dire que le Qatar revient de loin…
Pour en revenir à ces milliers de migrants morts sur les chantiers du mondial et à la question des droits de l’Homme, ce que de nombreux médias anglo-saxons et européens feignent de découvrir aujourd’hui pour exiger l’annulation du mondial au Qatar, il aurait fallu évoquer cette situation au moment où le Qatar allait se faire attribuer son organisation. Mais en ce temps-là, c’étaient les dizaines de milliards de dollars que le Qatar allait dépenser pour organiser le Mondial qui primaient sur le reste. Personne n’avait incriminé ces multinationales du béton soutenues par leurs gouvernements qui se bousculaient pour avoir leur part d’un marché estimé alors à plus de 100 milliards de dollars.
Le français Bouigues s’est vu attribuer la construction de neuf gratte-ciel, tandis que Vinci BTP a obtenu la réalisation de la ligne de métro reliant la ville nouvelle de Lusail City (un projet pharaonique de 200 000 habitants) à Doha et de ses parkings souterrains… D’autres géants mondiaux du BTP à qui a été attribuée la construction de six des huit stades du mondial et les infrastructures qui vont avec — l’allemand Hochtief, le canadien Brookfield Multiplex, le coréen Hyundai Engineering, le belge Besix, China Railway Construction Corp,.. — ont également profité de cet énorme marché du mondial 2022 qui, selon le site newyorkais Front Office Sport, aura finalement coûté au Qatar autour de 220 milliards de dollars. Et tous ces géants mondiaux du BTP ont profité d’une main-d’œuvre bon marché, majoritairement asiatique, payée à moins de 500 dollars par mois pour plus de 60 heures de travail hebdomadaire et sans aucune protection sociale. Le français Vinci BTP n’a-t-il pas été accusé d’avoir eu recours au «travail forcé» de ces migrants ?
Aujourd’hui, ces géants du BTP jurent la main sur le cœur – et on est prié de les croire – qu’ils ne sont pas responsables des centaines de morts sur leurs chantiers, voire même qu’ils ont traité humainement leurs salariés ! Certains, une fois qu’a éclaté le scandale, se sont empressés de mettre en place des baraques climatisées pour leurs salariés et d’améliorer leurs conditions de travail.

LE MAROC AUSSI A EU SA PART Du GATEAU. Il a été même fortement impliqué dans l’organisation du Mondial 2022. En effet, le 30 septembre dernier, le Qatar et le Maroc ont conclu un accord de coopération en matière de sécurité cybernétique et de renseignement pour toute la durée du Mondial. Cela concerne aussi bien la sécurité des systèmes d’information que la gestion sécuritaire des foules de supporters et des stades et l’amélioration des capacités des services de sécurité qataris chargés de la sécurité des évènements sportifs. Et dans ce cadre, un groupe d’experts qataris a bénéficié d’une formation au Maroc pour la lutte en cybersécurité. Mieux encore, des policiers marocains, déjà sur place, épaulent leurs collègues qataris. L’accord entre le Qatar et le Maroc a été conclu après la visite effectuée en mai dernier par le patron de la sécurité marocaine, le général Abdellatif Hammouchi à la tête d’une délégation sécuritaire. L’histoire ne dit pas combien a perçu le Maroc…
Cela dit, bravo aux footballeurs saoudiens, tunisiens et marocains qui ont démenti tous les pronostics.
À jeudi.
H. Z

1) C’était le cas de l’Irak de Saddam Hussein, qui avait été soutenu par Washington et ses alliés dans sa guerre contre l’Iran de Khomeini, avant qu’ils ne se retournent contre lui.
(2) L’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe lui reprochaient, non seulement son alliance avec la Turquie et ses liens avec les Frères musulmans, mais aussi de refuser de se joindre à la coalition anti-Iran pilotée par Riyadh.

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