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Rubrique Ce monde qui bouge

On prend les mêmes et on recommence ?

On prend les mêmes et on refait le match ? Voilà de nouveau le FLN, le MSP, le RND et leurs alliés en première ligne. Deux ans après, qui aurait pensé un instant revoir les mêmes partis, voire les mêmes figures siéger à l’APN ? Élus avec un score moindre qu’en 2017, où le taux de participation était de 35,70% ? Les mêmes, ceux qui ont voté durant 20 ans toutes les lois du pouvoir de Bouteflika et qui, pour se racheter, ont voté les dispositions durcissant le code pénal ? Et dans tout ça, le Hirak est-il fini ? 
Bien que les listes indépendantes (78 sièges) arrivent en seconde position, derrière le FLN (105 sièges) en tête du scrutin, le MSP (64 sièges) bon troisième, le RND (57 sièges) quatrième, suivi par le Front El Moustakbal (48 sièges), le Mouvement El Binaa (40 sièges), on ne peut pas dire que ces législatives aient accouché d’une Algérie nouvelle. C’est plutôt l’Algérie ancienne, traditionnelle et conservatrice, symbolisée par les partis cités plus haut, déjà frappés de discrédit par le Hirak « initial » d’avant le 12 décembre 2019, qui est reconduite. 
Quant au taux de participation, il tourne autour de 23,03% et non de 30,20% comme annoncé samedi passé, trois heures après la fermeture des bureaux de vote. Il est presque identique à celui enregistré lors du référendum constitutionnel du 1er novembre 2020. Et il ne pouvait en être autrement au regard d’une campagne électorale qui a peu mobilisé. Qu’il soit de 30,20% ou depuis mardi de 23,03%, on notera que personne n’a contesté ce chiffre. Seul le chef du MSP, Abderrezak Makri, qui s’est empressé de revendiquer la victoire et qui se voyait Premier ministre avant l’heure, a mis en garde contre une possible manipulation des urnes qui aurait privé son parti de la première place ! Et qui, sûr de lui, avait alors demandé au chef de l’État de «protéger la volonté populaire qui s’est exprimée sur le terrain» ! Elle le sera sauf que cette «volonté populaire» ne s’est pas exprimée en faveur du MSP. 
Cela étant, il n’en reste pas moins que cette faiblesse de la participation électorale est une nouvelle fois l’expression d’un signe de désaffection populaire. Laquelle a fait des déçus, le parti Jil Jadid entre autres, qui espérait un taux supérieur à 30%, beaucoup d’élus et qui, finalement, aura été le grand perdant de ce scrutin ! 
Au final, cette Assemblée populaire nationale (APN) élue par 23% d’électeurs ressemblera à s’y méprendre à celle des années 80 : ce sera une APN à forte connotation islamo-conservatrice, sans doute plus que dans les législatures précédentes, et en l’absence d’une vraie opposition. En effet, aucun des partis, ni ceux figurant dans le peloton de tête, ni les autres formations – il y en a une flopée —, ni les listes indépendantes, ne sont dans une logique oppositionnelle au programme du chef de l’État mais plutôt dans une logique d’intégration et d’accompagnement du système politique ! 
Le Président Tebboune devrait logiquement nommer un Premier ministre issu du parti arrivé en tête des élections pour diriger le nouvel exécutif dont la composition, excepté pour les ministères stratégiques, devrait refléter les résultats du scrutin. Un gouvernement qui sera chargé, selon l’article 105 de la Constitution, «d’élaborer un plan d’action pour la mise en œuvre du programme présidentiel qu’il présente au Conseil des ministres». 
De ce côté-ci, il n’y aura donc pas de surprise. Reste, cependant, qu’ils sont près de 77% à avoir boudé ces élections et ne pas en tenir compte serait une erreur politique. 
Sur les conditions de déroulement de cette campagne électorale – je renvoie à ma chronique de jeudi dernier – il n’y a rien à ajouter. En revanche, sur le Hirak, il y a beaucoup à dire. Ceux, parmi les activistes en vue du Hirak et les partis d’opposition, qui mettent la fin du mouvement populaire au compte de la seule répression, devraient s’interroger sur ce qui n’a pas fonctionné et sur les raisons ayant poussé une grande partie des élites et des couches moyennes à déserter le mouvement populaire, sans pour autant adhérer à la feuille de route du pouvoir ni souscrire à la répression qui s’en est suivie. La seule chose dont on est certain, c’est que les conditions à l’origine du Hirak sont encore présentes. 
H. Z.

 

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