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Rubrique Ce monde qui bouge

Peut-on aller contre le cours de l’histoire ?

En effet, peut-on arrêter le cours de l’histoire en s’opposant au mouvement de mobilisation populaire en cours depuis le 22 février ? Un mouvement qui n’a pas seulement mis fin au 5e mandat et à 20 ans de pouvoir d’un Président qui avait juré de mourir dans son fauteuil de chef d’Etat, mais qui, en exigeant un changement radical, a, en même temps, signé la fin du système autoritaire basé sur la rente pétrolière mais aussi la rente politico-historique.
La rente pétrolière, qui a permis jusque-là d’acheter la paix sociale, ne peut plus assumer cette fonction. La chute des prix du baril voire leur stabilisation à un niveau (60 dollars) ne pouvant plus permettre d’assurer le minimum social, avait conduit le gouvernement Ouyahia à recourir au financement conventionnel, c’est-à-dire à la planche à billets avec les conséquences que l’on sait. Et la rente politico-historique – l’instrumentalisation de l’histoire de la guerre de Libération nationale et du sigle FLN – ne peut plus assumer cette fonction de légitimation de ce même système politique.
D’ailleurs, on le voit bien, cette volonté de se réenraciner en se réappropriant l’histoire – ces jeunes qui brandissent les portraits des principales figures du mouvement national, en particulier Abane Ramdane et Ben M’hidi mais aussi celle du vétéran de l’ALN, le commandant Lakhdar Bouregaâ (86 ans) – agace et dérange plus que tout. Et la demande de l’ONM (Moudjahidine), le 1er septembre passé, de «constitutionnalisation du FLN comme propriété du peuple algérien», autrement dit de le mettre au musée, afin qu’il ne soit plus utilisé comme «un moyen pour concrétiser leurs objectifs malveillants comme par le passé», répond aussi à cette demande de dé-patrimonialisation de l’Etat et de l’histoire.
Ce faisant, convoquer l’histoire, les martyrs, ne joue pas forcément en faveur des tenants du système actuel et de la rente politico-historique, parce que l’histoire du mouvement national, ne peut se lire de manière linéaire ou sur le mode héroïque, mais sur le mode contradictoire : c’est une histoire en dents de scie, avec ses moments forts et ses faiblesses, elle est la chose la plus communément partagée par les Algériens.
Les temps changent. Le 22 février a changé la donne. Il n’y a que le pouvoir politique qui s’entête à ne pas le voir. Question de génération ? Peut-être… Pour toutes ces raisons, on ne peut pas arrêter le cours de l’histoire vers le progrès social et la modernité.
Mardi, le chef d’état-major, le général Gaïd Salah, a estimé que «la situation actuelle est une affaire algérienne interne qui nous concerne seuls, et exige nécessairement des solutions émanant de notre vécu et de nos expériences.
Même si les points de vue divergent et les avis diffèrent sans mettre en péril notre cohésion, il nous appartient à nous seuls en tant qu’Algériens de parvenir, sans obstination ni entêtement, à ces solutions et à les employer de manière à dépasser notre crise sereinement, à se consacrer et se mobiliser ensemble au service de l’Algérie pour assurer son développement et son essor dans tous les domaines». Gaïd Salah a-t-il compris que l’élection présidentielle est impossible à organiser dans les conditions politiques présentes ? Un, parce qu’aucun candidat sérieux ne se présentera, deux, parce que le panel, qui n’a rencontré que des seconds couteaux, a déjà échoué dans sa tentative d’organiser un dialogue autour d’une seule et unique option : le scrutin présidentiel. Dès lors, que demandent le Hirak et les forces démocratiques qui le soutiennent, sinon d’être entendus, que les protagonistes de la crise s’assoient autour d’une table pour trouver une solution consensuelle non limitée au seul scrutin présidentiel. Reste que si dans ce 2e discours, le général Gaïd Salah n’a pas mentionné la convocation du corps électoral le 15 septembre, il n’a pas non plus évoqué la question des mesures d’apaisement.
Or, c’est justement sur ces deux points, entre autres, que butent les propositions d’ouverture du pouvoir politique : celui de réduire le dialogue à l’organisation du scrutin présidentiel comme unique option de sortie de crise dans un cadre constitutionnel mis en place à des fins de présidence à vie par l’ancien chef de l’Etat, et ce, avec le soutien de partis (FLN et RND) et d’hommes toujours en place au sein des institutions, et en second lieu, la question des détenus d’opinion et de la libération du champ médiatique et d’organisation.
Mardi, les étudiants l’ont fait savoir et ce sera le cas aussi ce vendredi.
H. Z.

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