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Rubrique Ce monde qui bouge

Pousser les Algériens à la faute ?

Mais que croient-ils, ces députés et sénateurs réunis au Palais des Nations, en désignant Abdelkader Bensalah Président par intérim ?  Que les Algériens allaient applaudir des deux mains ? Et que chacun allait regagner son domicile en se disant «tout est bien qui finit bien» ? Que veut-on au juste ? Pousser les Algériens à la faute ? Et passer en force ? 
Le choix d’Abdelkader Bensalah, qui ne passe pas pour être un homme consensuel, interpelle. En 2008, il avait défendu ardemment la révision constitutionnelle ouvrant la voie à la présidence à vie pour Bouteflika. Et depuis, il a soutenu sans faille Bouteflika lorsque ce dernier a postulé pour un 4e mandat, et appelé avant l’heure, le 2 juillet dernier, le même Bouteflika à briguer un cinquième mandat ! Aussi, malgré ses hommages appuyés et bien tardifs aux Algériens, qui va le croire quand il déclare : «Je vais travailler à concrétiser les intérêts du peuple» ? A organiser «un scrutin présidentiel transparent et régulier» dans les 90 jours ? Et «créer une institution nationale collégiale, souveraine dans ses décisions» ? Avec qui ? 
Mais ce n’est pas un scrutin présidentiel organisé par les mêmes hommes, avec les mêmes institutions, les mêmes procédures et techniques d’organisation, que demandent les Algériens. Mais un Etat de droit et des institutions incarnant la légitimité populaire. Outre un rejet massif du système et de ses hommes, c’est cette exigence qui s’est exprimée sept vendredis de suite équivalent à sept référendums massifs. Ils veulent une nouvelle feuille de route avec du sang neuf pour concrétiser cet objectif. Cela prendra du temps, mais les Algériens savent aussi être patients. 
Or, qu’ont fait les élus des deux Chambres, membres de l’Alliance présidentielle et leurs obligés — pas tous, certains ont choisi de quitter les lieux en signe de protestation — qui savent que leurs jours sont comptés si le mouvement populaire se poursuivait ? Eh bien, faire comme si de rien n’était, ne pas tenir compte des revendications citoyennes exprimées par des millions d’Algériens qui manifestent depuis le 22 février et s’asseoir dessus. Des manifestations massives qui, soit dit en passant, ont fait plus pour l’image de l’Algérie dans le monde que tous les pouvoirs politiques réunis depuis 1962 !
Que l’armée, par la voix du général Gaïd Salah, tienne à ce que la transition se fasse dans le cadre de la Constitution et valide le choix de Bensalah, soit. Sauf que cette Constitution a été conçue et plusieurs fois amendée pour pérenniser le système incarné par Bouteflika, qu’on aurait bien tort de réduire à une simple marionnette aux mains des militaires : cet homme, mégalo comme pas un, qui rêvait d’inaugurer la Mosquée d’Alger avec le plus haut minaret au monde, un projet de plus de deux milliards de dollars, aura assumé jusqu’à l’absurde une politique désastreuse génératrice de corruption et de prédation, qu’il a consciemment mise en œuvre. Personne n’a forcé cet homme qui ne voulait pas être «un trois-quarts de Président» et qui savait jouer des rivalités des uns et des autres pour durer. 
Durant son «règne» de vingt ans, ponctué par des scandales de corruption sans précédent restés impunis, il a écarté tous ses adversaires, mis au pas le DRS et ses chefs, nommé à des postes de responsabilité des incompétents, durci le code pénal, embastillé des journalistes, rétréci comme jamais le champ politico-médiatique et ouvert l’espace public et audiovisuel au religieux rétrograde. Et si les Algériens n’étaient pas sortis massivement pour dire «stop», il aurait poursuivi la même politique autoritaire. 
Les faits sont têtus, la Constitution actuelle n’est plus d’actualité : elle est historiquement dépassée. C’est un texte de loi en net décalage avec l’évolution de la situation. Il en faut un autre pour répondre à l’urgence. Cela a été fait ailleurs. Pourquoi pas en Algérie ? Et ce ne sont pas les députés et sénateurs actuels qui, durant 20 ans, n’avaient à la bouche que «fakhamatou», qui vont l’écrire, parce qu’ils ne vont pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. De toute manière, ils ont été de fait disqualifiés par le mouvement populaire. C’est aussi simple que cela. 
H. Z.

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