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Rubrique Ce monde qui bouge

Que retenir de 2019 et qu’attendre de 2020 ?

L’année 2019 ? C’est incontestablement le 22 février. Un moment de rupture, au point où l’on peut parler d’un avant et d’un après 22 février.
Comment ne pas évoquer ces acteurs surgis avant ce 22 février justement, de cet anonymat dans lequel ont tenté de les plonger 20 ans d’autoritarisme et de dérives politico-maffieuses de Bouteflika. Hadj Ghermoul par exemple, 37 ans, devenu, par le hasard de l’histoire, le doyen des hirakistes :  arrêté le 29 janvier à Mascara et condamné le 7 février par le tribunal de la ville à six mois de prison ferme pour « outrage à corps constitué ». 
Le 26 janvier, ce chômeur avait posté sur Facebook une photo où il posait avec un morceau de carton sur lequel était écrit en gros en arabe « Non au 5e mandat » ! Un geste qui a sonné comme un début de révolte. En ce début d’année 2019, où le clan présidentiel et ses relais étaient mobilisés comme jamais pour imposer un 5e mandat, il fallait le faire ! Eh bien, Hadj Ghermoul l’a fait. 
Il y a eu bien sûr d’autres faits et gestes avant ce 22 février. Ce sit-in organisé le 15 février à Annaba par quelques dizaines de personnes contre le 5e mandat. Et surtout l’imposante mobilisation du 16 février à Kherrata. C’est aussi cette foule de jeunes le 19 février à  Khenchela, décrochant le portrait géant de Bouteflika de la façade de la ville, et beaucoup d’autres actions qui ont été pour beaucoup dans la tornade citoyenne du 22 février qui a vu déferler des millions de citoyens sur le pays, et donné à voir de l’Algérie l’image d’un peuple debout, qui n’abdique pas, qui s’est réapproprié l’espace social dont il a été privé et les symboles du mouvement de libération nationale. 
La suite, c’est la fin d’Abdelaziz Bouteflika, contraint de jeter l’éponge, après 20 ans au pouvoir. C’est l’annulation de l’élection présidentielle du 18 avril, puis celle du 4 juillet, les arrestations de Saïd Bouteflika, des généraux Mohamed Mediène et Tartag, de Louisa Hanoune. Suivies par celles des ex-chefs de gouvernement Ouyahia et Sellal, de plusieurs ministres, de Djamel Ould Abbès, Ghoul, Benyounès, Mohamed Djemaï, de nombreux oligarques, de Bahaeddine Tliba... Entre-temps, il y a eu le décès de Abassi Madani, la mort en détention du militant des droits de l’Homme Kamreddine Fekhar, et ce, avant que la répression ne frappe des activistes et des figures du Hirak pour port d’emblème amazigh ou sous l’accusation d’« atteinte à l’unité nationale », sur fond d’arrestations des ex-généraux Hocine Benhadid et Ali Ghediri et de l’ex-commandant de l’ALN, Lakhdar Bouregaâ (86 ans)…
2019, c’est aussi, en plein Hirak, le sacre de l’équipe nationale à la CAN. Mais c’est surtout la figure du général Gaïd Salah, qui a incarné de fait la réalité du pouvoir et dont les discours rythmaient, entre chaque vendredi, la vie politique. L’Histoire retiendra que c’est lui qui a fixé et imposé la feuille de route qui a conduit à l’élection présidentielle du 12 décembre qu’une écrasante majorité d’Algériens a rejetée. 
L’année 2019 s’est terminée avec l’élection le 12 décembre d’Abdelmadjid Tebboune avec un score historiquement bas. Dix jours après, le général et vice-ministre de la Défense Gaïd Salah décède. Le 30, Samira Messouci, 25 ans, et plusieurs activistes du Hirak quittent la prison après avoir purgé leur peine. Et dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, Issad Rebrab retrouve la liberté après avoir purgé sa peine.  
2020 va-t-elle être porteuse d’apaisement, car l’Algérie ne peut vivre indéfiniment dans un climat de tension extrême, surtout dans un contexte régional porteur de menaces pour la sécurité nationale ? 
Ce qu’attendent les Algériens ? C’est une annonce forte par le Président Tebboune pour marquer la nouvelle année.  Une annonce ouvrant la voie à la libération des détenus d’opinion, la cessation des poursuites et incarcérations pour délit d’opinion et de presse, de port de l’emblème amazigh et l’ouverture du dialogue non pas avec les islamo-conservateurs du système laissés par Bouteflika, les zombies de l’ex-FIS, à jamais disqualifiés par 10 mois de Hirak, mais avec les vrais acteurs de la société civile et politique. En un mot, ils souhaitent une année 2020 apaisée.
Bonne année à toutes et à tous.
H. Z.

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