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Rubrique Ce monde qui bouge

Un prix du baril qui sent la poudre

Un baril à plus de 75 dollars ? A un an de l’élection présidentielle, ça ne pouvait pas mieux tomber. La crise financière qui menaçait l’Algérie s’éloigne momentanément. Le lobby des importateurs se frotte les mains. Et les appels pour un 5e mandat vont, dès lors, se multiplier.
Sauf que la réalité est plus prosaïque. La décision de Donald Trump de dénoncer l’accord sur le nucléaire iranien a sans doute poussé le prix du baril à la hausse, mais on est tenté de dire que pour l’heure, rien ne permet d’affirmer que cette remontée des cours va se stabiliser dans la durée. L’Algérie n’est donc pas à l’abri d’un retournement de conjoncture.
Et ceux qui parient sur le risque d’une guerre au Proche-Orient afin d’accélérer la remontée du prix du baril se leurrent. En effet, l’Arabie Saoudite – seul pays avec Israël à soutenir Trump contre l’Iran – s’est dite prête à augmenter sa production pétrolière en cas de conflit avec l’Iran, afin de stabiliser le prix du baril dans des proportions qui ne nuiraient pas à la croissance américaine. C’est ce qui explique sans doute que le marché pétrolier n’ait pas réagi très fortement après l’annonce de Donald Trump de se retirer de l’accord nucléaire.
En ce qui concerne l’Algérie, la sortie de crise n’est pas pour demain. Il ne faut pas oublier que les réserves de change ont chuté, passant de plus de 190 milliards de dollars en 2013 à 97 milliards à fin 2017, et qu’en raison d’un volume des importations de plus de 45 milliards de dollars en 2017 alors que les exportations n’ont été que de 34 milliards de dollars, la situation financière du pays reste fragile. D’autant qu’à un an de l’élection présidentielle, le risque existe de voir les pouvoirs publics tentés par une relance des dépenses non productives à laquelle poussent le lobby des importateurs et les affairistes, pour soi-disant calmer le mécontentement social. Le tout aidé par un système rentier, qui a la vie dure et qui a ancré dans la tête des 40 millions d’Algériens que l’Algérie est un pays aussi riche que les monarchies du Golfe, sauf que ces dernières, plus riches que l’Algérie en pétrole, sont faiblement peuplées : 31 millions d’habitants dont 10 millions d’immigrés en Arabie Saoudite, 7 millions dans les Emirats arabes unis dont 5 millions d’étrangers... on continue ?
L’autre risque plus sérieux est de voir l’Algérie entraînée dans un conflit auquel poussent Israël et l’Arabie Saoudite. La décision de Rabat de rompre ses relations avec Téhéran, accusé de soutenir le Polisario via l’ambassade d’Iran à Alger et impliquant son allié le Hezbollah libanais, s’inscrit dans cette montée des tensions que l’on observe au Proche-Orient. Dans le contexte de tensions extrêmes actuelles, elle peut être lourde de conséquences. D’autant que la décision marocaine a été appuyée par les Saoudiens et ses alliés du Golfe et qui plus est par la Ligue arabe. Et ceux qui à Alger croient que les Etats-Unis attachent beaucoup d’importance à la lutte antiterroriste menée par l’Algérie devraient avoir à l’esprit que Donald Trump est quelqu’un d’imprévisible, qui peut changer d’opinion comme il change de chaussettes. Dernière question pour terminer ce tour d’horizon : pourquoi cette fixation sur l’Iran ? La réponse est que ni Washington, ni Tel-Aviv ni Riyad ne veulent voir le retour, dans la région, d’un Iran fort économiquement et culturellement, en voie de modernisation. L’Iran est un pays de paradoxe où à côté d’un conservatisme religieux répressif comme en témoigne la répression des manifestations de janvier dernier, et d’une censure omniprésente, il existe des espaces de libertés culturelles aussi bien dans la littérature, la musique et la peinture que dans le cinéma, plusieurs fois primé à l’étranger, notamment à Cannes. En un mot, le pays connaît un développement culturel et artistique sans équivalent dans la région. Un développement culturel qui n’est que le corollaire du développement économique en cours, car l’un ne peut aller sans l’autre.
H. Z.

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