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Rubrique Constances

à la gare, comme à la gare !

Est-ce qu’on peut parler de la gare routière, des bus, des voyageurs, alors qu’on est censé être entièrement pris par  l’élection  présidentielle ? Justement, on en parlait l’autre fois avec un ami qui parle trop mais dit des choses. C’est rare mais ça existe, ce qui nous rappelle cette succulente et néanmoins assassine formule de Kateb Yacine parlant d’un de ses compatriotes, un écrivain particulièrement prolifique : «Il écrit tellement que ça lui arrive de dire des choses intéressantes» ! Toutes proportions gardées et certainement avec le génie en moins, notre ami nous disait donc que le seul endroit où on ne parle pas des élections en ce moment, c’est… la gare routière.
Quand vous entendez ça, vous commencez d’abord par descendre en flammes sa propension maladive aux bavardages mais il a un avantage sur tous ceux qui le connaissent : il impose la retenue. Face à lui, vous pouvez être pris d’une irrépressible envie de l’envoyer balader histoire de lui signifier que ses balivernes ne passent pas aujourd’hui. Vous pouvez être tenté de lui signifier sournoisement qu’il doit faire sans votre attention aujourd’hui, en admirant vos chaussures au moment où il vous désigne le ciel. Vous pouvez brûler d’envie de lui dire qu’il va falloir qu’il abrège, non seulement parce que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures mais aussi que votre temps, sans être particulièrement précieux, est quand même important. Vous pouvez penser à tous les subterfuges qui puissent vous éviter l’épreuve du jour en sa présence, vous finirez toujours, dans un instant fatal de réalisme, par vous dire : et s’il sortait encore quelque chose d’intéressant comme il en sort de temps en temps ?
C’est exactement ce qui nous est arrivé récemment, quand il a évoqué cette histoire de gare routière qu’il voulait lier, on ne sait encore au prix de quel numéro de trapéziste, à l’élection présidentielle.
Mais pour être tout à fait juste, il n’a pas vraiment lié l’endroit et la «chose», il les a même dissociés, puisqu’il prétend que si vous ne voulez pas entendre parler de vote, de candidat, de Président, de lièvre et de tout ce qui va avec, il ne vous reste qu’un seul endroit où vous pouvez vous réfugier : la gare routière. Essayez de deviner pourquoi. Parce qu’ici tout le monde est pressé et on ne pense donc qu’à son voyage ? Parce qu’on arrive généralement fatigués dans ces lieux ? Parce que la confiance ne règne pas et qu’on ne parle pas à un inconnu de politique quand bien même il serait le voisin de siège ? Parce que le smartphone a tué la discussion entre humains ? C’est la confirmation du peu d’intérêt  des Algériens pour les élections ? Notre ami sourit de ce sourire qui vous fait sentir que vous êtes le dernier des crétins et vous libère : il y a peut-être un peu de tout ça mais l’essentiel est ailleurs. A la gare routière, tout le monde paie son ticket de bus, son sandwich et sa bouteille d’eau.
S. L.

 

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