Algérie palpitations

Le pays est en effervescence. Actualité oblige, il y a d’abord le vote de la communauté algérienne à l’étranger. On a beau dire, il n’est pas bien difficile de constater que la participation est très faible, du moins au vu de ce qui nous a été livré par l’ENTV, qu’on ne va tout de même pas soupçonner de minimiser l’affluence de nos ressortissants vers les bureaux de vote des principales villes d’Europe, des Amériques et des pays arabes. L’ENTV n’a pas minimisé mais, une fois n’est pas coutume, elle n’a pas non plus «fabriqué» d’images. Reste à savoir si elle ne voulait pas ou elle ne pouvait pas. Toujours sur le même sujet, des regroupements anti-élections ont été enregistrés dans beaucoup d’endroits à l’étranger. Certains de ces regroupements ont connu quelques anicroches sans gravité, accompagnées inexplicablement par des réactions disproportionnées par rapport à leur insignifiance. Paradoxalement, c’est de l’intérieur de la contestation que sont venues les indignations les plus vives et c’est plutôt rassurant : le mouvement citoyen tient par-dessus tout à son caractère pacifique. L’ENTV a quand même pondu un communiqué de dénonciation contre l’agression dont aurait été victime son envoyée spéciale à Lyon, comme pour «rééquilibrer» les choses.
Ensuite, il y a la campagne électorale officielle qui vient de prendre fin. Les 5 vont bien sûr continuer jusqu’aux ultimes heures leur «travail de proximité». On ne sait pas, peut-être même qu’on ne saura jamais de quoi sera faite leur dernière entreprise mais on sait déjà qu’ils y seront plus à l’aise. Ils iront là où ils veulent, à l’heure qu’ils veulent, chez ceux qu’ils veulent. On ne peut pas vraiment dire que c’était la même chose avant ça.
Il y a aussi ce procès qu’on a voulu retentissant. Deux anciens Premiers ministres, des ministres et des hommes d’affaires qui comptaient devant le tribunal pour une même affaire, ça n’arrive pas tous les jours. Un procès «rehaussé» par la présence de Saïd Bouteflika, un homme qui a été au cœur de tous les scandales économiques et politiques durant ces 20 dernières années. Et puis les chiffres astronomiques. Des centaines de milliards et des responsabilités que se rejettent ceux qu’on croyait unis pour la vie. Dommage que le procès arrive dans une conjoncture où il n’est pas forcément la «star» de l’actualité, les Algériens auraient mieux apprécié.
Il y a enfin cette grève de 4 jours dont il est difficile de savoir la pertinence et surtout le taux de suivi, tellement c’est disparate. Il reste (encore) cette polémique qu’on attendait : pourquoi la Kabylie débraierait une fois de plus toute seule ou avec une insignifiante proportion d’adhésion dans les autres régions du pays ? La question se pose d’autant plus que le mouvement populaire est tenu de rester sur ses victoires. Parmi elles et pas des moindres, figurent les barrières régionales qui ont été dépassées depuis le 22 février.
S. L.