Ce texte aura certainement un goût d’inachevé. Pour cause, il est rédigé
avant que ne soit connue l’issue de la finale de Coupe du monde. Et
parler d’un match aussi important le jour de son déroulement sans le
résultat est un peu frustrant pour tout le monde. Pour le rédacteur
d’abord qui aurait aimé en relater l’aboutissement et disposer ainsi de
plus de «matière». Pour le lecteur ensuite, qui n’est pas obligé de
comprendre les aléas de bouclage d’une rédaction et est donc dans son
droit d’y trouver «l’essentiel». Même si ce n’est pas vraiment le
résultat qu’il va chercher dans une chronique décalée sur la Coupe du
monde de football, il est clair qu’il aura certainement cette impression
qu’il lui manque quelque chose. Pourtant, le résultat n’est pas si
important que ça, dans un journal dont le foot n’est pas la première
vocation. D’abord parce que l’information va tellement vite qu’on va de
plus en plus la chercher en temps réel. Ensuite, parce que l’écrasante
majorité des Algériens passionnés de foot devaient être devant leur
écran télé à l’entame du match et peut-être bien avant, histoire de ne
pas en rater une. En premier lieu, cette cérémonie de clôture où ils
trouveront tout ce dont ils sont orphelins. Le spectacle dans sa
conception artistique, les couleurs de la vie, les images d’une télé de
son siècle, de la communion, des tribunes débordantes d’enthousiasme,
des femmes belles et aérées et avec un réalisateur inspiré, ils auront
même droit à quelques câlins. Et puis le foot, dans «le rectangle vert»,
pour reprendre cette vieille expression qui ne veut pas vieillir chez
nos confrères de «la sportive». Si notre catalogue n’est pas erroné, il
devait y avoir trois catégories d’Algériens. A tout seigneur tout
honneur, ceux qui se sont fait le plus entendre depuis le début de la
compétition. Leur pays absent de Russie, ils se sont inventés une drôle
de passion : contre la France ! Leurs ardeurs sont tombées avec les
résultats sans faute des Tricolores mais il leur restait quand même
l’ultime match pour sauver «leur» Coupe du monde. Si, à Dieu ne plaise,
diraient-ils, la France devait remporter le trophée, ils devraient être
doublement peinés : leur «rêve» ne se serait pas réalisé et pire, ils se
seraient mêlés à des confrontations où ils n’avaient «ni chamelle, ni
chameau», pour reprendre l’usitée formule arabe. Il y a ensuite le
revers de la médaille : vous êtes contre la France parce que vous vous
croyez plus… patriotes que les autres ? Eh bien, nous serons derrière
elle-même si nous n’avons pas de sympathie particulière pour cette
sélection dont le jeu n’est pas vraiment un modèle d’attraction. Il y a
enfin ceux qui ne sont que dans le foot. Subjectifs par vocation, ils
devaient être derrière la Croatie. Parce que ça change des «mêmes qui
gagnent toujours», parce qu’ils sont sincèrement séduits par le jeu
proposé par cette sélection, parce qu’il y a Modric qui joue au Real,
Rakitic qui joue au Barça ou Madzukic qui joue pour la Juventus. Allez,
ce n’est que du foot et à l’heure où vous lirez ces lignes, vous êtes
déjà dans le jour d’après.
S. L.
S. L.