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Rubrique Constances

Comme à la télé

Les salles de «montage» n’expliquent pas toujours tout, quand un Algérien a un micro devant la bouche et une caméra braquée sur sa silhouette, il devient souvent quelqu’un d’autre. Et dans cette posture, il est rare qu’il livre le «meilleur de lui-même». De perdre sa spontanéité, de tenir le bâton par le milieu, de philosopher sur ses difficultés et parfois d’oublier ses douleurs, il produit un discours formaté et souvent loin de la réalité. En un mot, il parle comme on… parle à la télé. Dans la vraie vie, pourtant, il est plus proche du râleur incurable que de l’analyste lucide et apaisé. Et ce ne sont pas toujours les responsables de ses malheurs qui lui tirent ce portrait, histoire de voiler leurs errements. Il arrive que ce soient ceux qui partagent ses difficultés au quotidien qui lui reprochent de tout voir en noir, de ne pas considérer ses propres turpitudes, de trop «exagérer». Suivez-le un vendredi quand il a besoin de faire un achat urgent et vous le verrez en train de fulminer devant la grille fermée de la supérette. Tendez-lui un micro et vous découvrirez dans son propos et son attitude toute de sérénité à quel point il est «normal» pour un commerçant de tirer le rideau de son magasin en terre d’Islam, quand l’appel du muezzin est imminent. Si vous êtes son voisin ou seulement son compatriote ordinaire, vous n’avez pas besoin de lui demander ce qu’il pense du maire de sa municipalité, il est forcément un mauvais gestionnaire et un corrompu, ce qui est souvent le cas. Mais allez le lui faire dire publiquement. Le plus surprenant est que ce n’est pas toujours par manque de courage. Dans bien des cas, il a seulement intégré le fait qu’il y ait un discours «normal», celui des chaumières, des palabres de quartier ou des confidences du café de commerce d’un côté. De l’autre, celui, «politiquement correct», à sortir sous les projecteurs. Essayez de savoir ce qu’il pense de la France et vous aurez un cours magistral sur sa civilisation, ses progrès, son niveau de développement, la démocratie, le vin, Charles Aznavour, les fromages et même Charlie Hebdo. Mettez le même quidam sur un plateau télé ou sur le chemin d’un micro-trottoir et vous obtiendrez de superbes vociférations anticoloniales avec les plus mauvais arguments. Une dénonciation douteuse de l’islamophobie qui peut aller jusqu’à douter de l’existence des terroristes. Des «juifs» au pouvoir. La persécution de Tariq Ramadan qui ne peut pas être violeur parce qu’il est musulman… Pour rester dans la fraîche actualité, une journaliste a baladé avant-hier son micro et sa caméra pour demander aux gens ce qu’ils pensent des «pétards et produits pyrotechniques» avant, pendant et après le Mouloud. Pas une fausse note, tout le monde a dit que c’est une «pratique étrangère à notre culture et à l’Islam».
Tout le monde pense que c’est dangereux et a sa petite histoire dramatique à raconter. Personne n’achète de pétards ni de feux d’artifice. Tout le monde achète des «nawalate» et des bougies. Tout le monde a… parlé comme à la télé. Une fois revenus à la vraie vie, ça parlera de «choses sérieuses», comme dirait l’autre.
S. L.

 

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