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Rubrique Constances

D’Aïn-el-Fouara à Santa-Cruz

La statue de Notre-Dame-de-la-Grotte de Santa-Cruz sur les hauteurs d’Oran a été vandalisée récemment. De manière générale, ce genre d’actes, en dépit des larges émotions et quelques sincères colères qu’ils suscitent, ne surprennent plus grand monde. Il n’y a pas si longtemps, la statue d’Aïn-el-Fouara de Sétif  avait subi à deux reprises la furie destructrice de ténébreux individus convaincus que leur courageuse entreprise était une œuvre de salut public. L’un des porteurs de marteau de Sétif avait agi publiquement, à une heure de grande affluence et en pleine action, il prenait à témoin l’assistance qui entourait les lieux. Sur le ton de quelqu’un qui invitait ses compatriotes à admirer son « œuvre » ou à s’y joindre dans un élan de solidarité active et, pourquoi pas, à lui tresser des couronnes d’un héros qui allait sauver leur âme d’une érection  infamante au cœur de leur ville. La réaction des présents n’a pas été celle qu’il attendait. Il savait que la « cause » qui motivait son acte ne pouvait pas être publiquement contrariée, les choses étant au point où elles sont. Il savait aussi  l’attachement des Sétifiens à cet espace emblématique de la Cité. Il savait enfin la « gêne » populaire face à un « nu » que, culturellement, ils ne pouvaient pas - en tout cas plus - revendiquer.  C’est donc en connaissance de cause qu’il a été sur le terrain des opérations à visage découvert, en plein jour. Plutôt que d’éviter la foule, il l’avait invitée à assister l’assaut ou plus si affinités. Manifestement, il n’y a pas que de la foule qu’il pensait « avoir dans la poche », il était aussi sûr de son… impunité et il l’a eue, dans une certaine mesure, puisque avant même que l’enquête ne soit entamée, les autorités lui avaient déjà aménagé un « dossier psychiatrique », si commode pour ne pas aller au fond des choses. Il y va des… dossiers psychiatriques comme des — déjà — conclusions sur les motivations de ceux qui ont « vandalisé » la statue de Notre-Dame de Santa-Cruz. Selon les « premières informations », les quatre employés municipaux soupçonnés d’être derrière cet acte et arrêtés par la police, il ne s’agirait en l’occurrence que d’une tentative de vol ordinaire. C’est possible, certes, mais on ne peut pas vraiment dire que c’est l’hypothèse qui vient spontanément à l’esprit. L’évêque d’Oran, après avoir parlé d’un « acte qui n’honore pas ses auteurs », est déjà dans le plus vraisemblable en rappelant le contexte : « La Journée mondiale du vivre-ensemble, dont l’esplanade de Santa-Cruz porte le nom .» Ce n’est pas sûr qu’il soit le premier à penser à autre chose qu’à un curieux larcin.
S. L.

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